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Critique de Isavsd


J'avais fait le choix de ne présenter sur mon blog que des livres coups de coeur (ou très appréciés), je ne peux m'empêcher de donner tout de même mon avis sur ce livre tant mon sentiment est inversement proportionnel à un coup de coeur. Vous l'aurez donc compris : je n'ai pas vraiment aimé ce livre.

Tout d'abord, je précise que le sujet traité, le viol d'un enfant par un prêtre, est évidemment abominable, comme tout viol, que celui-ci ait été perpétré par un prêtre ou non. Ce sujet, par ailleurs, fait partie des choses douloureuses qui se doivent d'être mises sur la place publique, pour que de véritables actions puissent être mises en place.

Je ne remets donc pas en question le fond de ce livre. Je remets en question la forme.

Heureusement, il se lit rapidement, en quelques heures, je refermais le livre. Si cela avait été un pavé de 400 pages, je pense que j'aurais fini par le lire en diagonale, voire à le refermer avant la fin.

J'ai ressenti tout au long de ma lecture un malaise grandissant, dans la façon dont l'auteur a amené cette histoire. Je pense être quelqu'un de très empathique et je pense aussi comprendre ce qu'un père (ou une mère) doit traverser lorsqu'il découvre que son enfant a été la victime d'un viol. Or, à aucun moment, ce père ne m'a vraiment émue. Je dois d'ailleurs préciser qu'aucun personnage de ce livre ne m'a véritablement émue.

Déjà, l'aspect biblique. le fait de mêler à cette histoire celle d'Abraham et d'Isaac à tout propos m'a agacée. D'accord, l'histoire se passe dans le milieu de l'église et d'accord l'auteur a visiblement été interpellé dans sa vie par cette notion de Dieu inculqué dans les leçons de catéchisme.

J'ai trouvé aussi que le passage de « l'aveu » public du prêtre manquait de crédibilité. Là encore, j'y ai vu un effet de sensationnalisme qui ne m'a pas convaincue.

Mais ce qui m'a au fond le plus gênée, c'est la construction de l'histoire tel un thriller. Ce huit clos dans lequel se retrouvent un père et le prêtre ayant violé son fils, mené tambour battant avec rebondissement final. Je trouve que le sujet est trop délicat pour se permettre d'en faire un roman à suspens. Je n'ai donc pas adhéré à ce « corps à corps » bestial, censé nous mener crescendo vers une fin qui m'a franchement laissée perplexe. J'ai eu le sentiment qu'elle voulait apporter au lecteur le « détail qui tue », le renversement de situation auquel on ne s'attend pas et qui donne au livre son apothéose. Quoi qu'il en soit, dans ce type d'histoire, j'ai trouvé cela un peu « spécial »

Ensuite, la violence. Certes, le sujet est violent en lui-même, je ne m'attendais donc pas à y trouver une histoire « bisounours » mais enfin, si moi-même j'apprends que mon enfant a été violé, je ne pense pas avoir envie de savoir ce que le violeur lui a précisément fait. J'ai trouvé ces détails sordides et inutiles, on peut raconter, témoigner, se libérer, vivre la douleur de ses émotions sans avoir besoin de décrire avec cette précision chirurgicale. Limite, j'ai eu l'impression que l'auteur souhaitait apporter un climat encore plus glauque qu'il ne l'était déjà, comme dans ces films d'horreur dont on vous montre bien tout en gros pour que vous n'en perdiez pas une miette. J'ai trouvé ça malsain.

Il y a des mots pour poser la douleur. Il y a une façon de raconter l'insoutenable, celui qui non seulement détruit ce qui vous est le plus cher mais qui détruit aussi tous ceux qui essaient, tant bien que mal, de survivre à cette tragédie.

Je n'ai donc pas aimé la façon dont l'auteur a posé ses mots mais je suis peut-être passée à côté du livre, c'est possible. Il a par ailleurs de très bonnes critiques et a le mérite de soulever ce sujet délicat de la sexualité dans le milieu de l'église. Et c'est pour cette raison que je lui mets tout de même trois étoiles.

Lien : https://unefeuilleetdesmots...
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