Victor Sommer vit dans une prison dorée. Non, pas dorée, argentée : il veille sur sa mère, vieille avant l'âge, laquelle subvient, en échange, à ses besoins. C'est en tout cas ce qu'elle voudrait
lui faire croire. En réalité, Victor n'a rien : pas de passé, pas d'avenir, rien qu'un minuscule présent qui l'étouffe et le rend méfiant de tout.
Biberonné aux clichés intégristes d'une foi qu'il n'a jamais éprouvée autrement que par l'ambiance de mort qui règne chez eux, Victor n'est qu'amertume et aversion des autres. À chaque sursaut de vie dont il fait preuve, la laisse affective se resserre autour de son cou. Mais un jour, la mère toxique disparaît mystérieusement, abandonnant Victor à son sort…
Est-ce parce que
Vincent Delareux vit en Normandie ? J'ai pensé à «
Une Vie »,
De Maupassant. À cet écho que produit le malheur quand il crie dans un tunnel. A l'ennui des existences « mornes-nées », dont le poison s'avale sans y penser, comme un sirop au coucher.
Moi qui ne lis jamais de romans noirs, je me suis délectée de cette histoire proprement malaisante, de ces relations poisseuses qui n'évoquent l'amour qu'à travers les habitudes.
Bravo pour ce premier roman dérangeant, et merci : j'ai beaucoup aimé !
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