Citations sur L'ensauvagement : Le retour de la barbarie au XXIe siècle (25)
Le mépris du passé condamne à la répétition et porte en lui les germes de l'intolérance et du despotisme.
Les Etats-Unis ont une politique qui ressemble à celle de l'Europe dans le passé - intervenir dans les affaires du monde pour le façonner - et l'Europe à celle de l'Amérique autrefois - rester chez soi pour développer un modèle. Chacun est ainsi irrité par l'image de soi que l'autre lui présente. Les deux interlocuteurs auraient besoin l'un de l'autre pour faire face aux défis du siècle, et le monde aurait besoin de leur contribution commune.
L'humanité n'apprend pas grand-chose des événements qui n'ont pas eu lieu. Elle a besoin de commettre des erreurs, et même parfois de vivre des catastrophes, car ce sont eux qui la contraignent à emprunter de nouvelles voies.
Au lieu de jouer avec le destin comme autrefois une honnête partie de cartes, connaissant les conventions du jeu, connaissant le nombre des cartes et des figures, nous nous trouvons désormais dans la situation d'un joueur qui s'apercevrait avec stupeur que la main de son partenaire lui donne des figures jamais vues et que les règles du jeu sont modifiées à chaque coup.
Au siècle du mensonge, il arrive que la vérité relève la tête.
La régression politique, culturelle et morale fait désormais partie de notre horizon politique; la déshumanisation dont nous sommes les héritiers est une menace pour notre survie ; la mémoire des crimes est une condition de la sécurité internationale.
Dans un monde sans direction, qui va à vau-l'eau et travaille dans le vide, la liberté humaine n'a peut-être pas grand sens.
M. Rees rappelle enfin que dans la course aux armements, la défense ne parvient pas toujours à soutenir le rythme. Le plus souvent même, ce sont les moyens d'attaque qui ont l'avantage. Pour ses scénarios pessimistes, on l'a surnommé le prophète de l'Apocalypse. Ce qui frappe pourtant, c'est la rigueur de sa présentation et le flegme tout britannique de ce savant qui se contente d'exposer ses pensées avec l'expérience scientifique dont il dispose. Heureusement, pourra-t-on rétorquer, l'histoire ne suit pas souvent des schémas rigoureux : la chance y joue une grande part.
Comme dans une tragédie grecque, le crime a engendré le crime dans la maison Europe et celle-ci a par deux fois incendié le reste du monde. Des leçons de prudence en ont été tirées pour la réconciliation des nations européennes. Mais ce qui se joue à présent, c'est la capacité de l'Europe à assumer des responsabilités internationales dans un monde profondément troublé.
Le temps ne manque jamais d'imagination.