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Critique de gill


Le Diable sait faire trébucher les meilleurs.
Il en veut pour preuve, et s'en souvient encore en souriant du fameux croche-pied qu'il tendit, en 1928, assez perfidement en travers de la carrière naissante d'un jeune écrivain.
Marcel Aymé avait refusé de signer le pacte, en même temps qu'il avait commis "Les jumeaux du Diable" !
Il condamna son livre à ne plus jamais être réédité ...
"Le miracle de Théophile" est un roman de Jérémie Delsart, qui a été publié en avril 2024 dans la collection "Cobra" des éditions le "Cherche Midi".
La couverture est attirante.
Et la quatrième est tentante...
Y aurait-il eu manoeuvre de l'ange déchu à me faire reposer chez mon libraire une valeur sûre de lecture tranquille pour me guider fiévreusement vers cet opus sentant le souffre et portant tous les espoirs d'une lecture passionnante ?
Théophile de Saint Chasnes est un étudiant stagiaire en cours de professionnalisation.
Il veut devenir professeur de Lettres, et va pour cela intégrer le lycée *** qui a pour proviseure Mme ***.
Comme c'est méritoire d'avoir poussé le sacerdoce jusqu'à adopter le même patronyme que son établissement !
Surtout quand celui-ci se résume à ***.
Ceci étant dit, la tutrice de Théophile sera Constance Lurcelet, et l'inspecteur pédagogique Patrice Désormais.
La préface de Patrice Jean ayant été dithyrambique et les critiques dans les journaux élogieuses et ensorceleuses, tout était, ou semblait être en place pour le déroulement d'un récit qui s'annonçait pour le moins captivant.
Malheureusement, ce roman peine à son démarrage.
A sa 31ème page, le jeune professeur se dit que "l'année sera bien longue", en même temps qu'à la même page il m'avait d'ores et déjà semblé que ma lecture serait également bien longue.
En page 27 Théophile était tout ébaubi.
Moi aussi ...
Car le Diable sait souffler l'ennui aussi entre les pages !
Et puis la bonne idée ne fait pas forcément le bon roman.
Le vocabulaire superfétatoire ne fait pas le style.
On a du mal à s'imaginer que Satan est vraiment derrière tout cela, même s'il se cache derrière une silhouette d'andalou, même s'il se propose de veiller sur la carrière de Théophile.
Le récit est alourdi de toutes les arcanes de l'Éducation pour tous et du message "engagé" que veut nous faire passer Jérémie Delsart.
A trop en faire et trop en dire, on ne sait plus trop quoi en penser !
J'ai trouvé le style plus pédant que délicieusement désuet, moi qui aime tant les vieilles tournures et les lenteurs du style patiné de l'entre-deux siècles.
Le récit piétine dans les récriminations et l'introspection d'un jeune professeur qui ne l'est pas encore.
Il semble pourtant trouver à la moitié du roman un second souffle dans la scène du repas où Jérémie Delsart semblait vouloir reprendre la main sur sa plume.
La scène est assez bien imaginée et construite à plaisir.
C'est presque même savoureux.
Mais ce court instant de tentation n'aura été malheureusement qu'un moment de répit.
Le souffle est retombé très vite.
Et l'épilogue survient, sans que l'on sache réellement pourquoi sa mise en page semble avoir été prise d'une curieuse danse de Saint-Guy.
Le corps du récit, à mon sens, a souffert d'un manque de mise à la ligne, alors que l'épilogue lui pâtit d'un abus.
Ce premier tome semble vouloir s'ouvrir sur un second à venir.
Que Dieu me savonne et que le Diable me pardonne, je ne serai pas de l'aventure ...





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