- Imagine que tu pleures en même temps que tu parles. (Moi qui prends toujours soin de réfréner mes larmes, je n’avais pas la moindre idée de comment faire.) Enfin, ça ne devrait pas être si compliqué que. Ça ! S’est écrié Tresh après plusieurs tentatives infructueuses. Cherche au fond de toi, cela doit être naturel, pour vous autres, de parler comme des gamines.
J’ai écarquillé les yeux de stupeur et de fureur.
- Et tu veux voir si c’est naturel pour moi, de balancer mon poing dans la gueule des crétins dans ton genre ?
Tresh a ri, sans prendre ombrage de mes paroles bouillantes.
L’ombre flamboyante s’approche et descend vers le sol, précédée d’un léger souffle chaud. Je distingue la forme crénelée d’une aile de cheval-dragon, illuminée par le sang de feu qui court dans ses nervures. La bête se pose à quelques pas de moi. Je la vois maintenant presque comme en plein jour. Dans l’obscurité, elle luit comme une braise prête à s’enflammer. De ses naseaux frémissants s’échappent deux corolles de fumée, et au fond de ses yeux sombres brille une étincelle rouge. Sa robe brune est marbrée de reflets cuivrés, ses sabots sont striés de veines orangées.