L’enfance pourtant, par une insolite divination, sait détecter derrière tous les semblants l’irréparable fêlure d’un monde en porte-à-faux. Fils d’un fou ou fruit du hasard d’amours adultères, mon enfance a boité dans un univers incertain où cœur et raison ne savaient s’accorder.
Les saisons comme les hommes avaient perdu la tête ! Toutefois un hiver sans pluie, un fleuve sans eau n’empêchent pas le froid.
Mauvaise graine pousse vite !
Le moment vint où la jeunesse s’en étant allée et avec elle la bienheureuse insouciance je perdis aussi le sommeil.
On ne ferait pas « nouvel roi », mais « nouvelle loi » !
Il n’y a pas de bruit sans quelque cause.
Les courtisans grenouillaient plus volontiers à Paris dans l’ombre d’un roi qu’on pouvait facilement circonvenir en lui faisant croire qu’il avait lui-même décidé ce à quoi il n’avait jamais pensé, et dans l’aire du seul homme qui fût réellement puissant à l’époque.
Un bâtard peut créer des embarras. Ceux qui naissent mal ont souvent des prétentions injustifiées. Une fille, même venue mal à propos, n’a pas la moindre importance.
Il me suffit de fermer les yeux pour retrouver le monde béni de mon enfance bavaroise. Le temps alors était pour moi immobile, chaque jour aussi radieux que la veille, chaque soir préfigurant à mes yeux un plus beau lendemain. C’était un temps sans début ni fin qui s’enroulait sur lui-même comme un chapelet de bonheurs.
On ne s’habitue jamais à l’horreur mais on s’accoutume à l’attendre.