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Critique de tolstoievski


Voici un petit livre que j'ai trouvé vraiment très bien fait. C'est le principe de cette collection des éditions du Pommier que d'offrir une vue synthétique et accessible sur un domaine scientifique particulier. Mais je tiens à saluer la performance de Jean-Paul Demoule qui s'y est conformé avec une acuité et une efficacité particulières.

Le sujet est pourtant vaste : dresser l'état des connaissances sur les modalités de la transition majeure de l'humanité, à savoir son basculement de la condition de chasseur-cueilleur à celle d'éleveur-cultivateur. Cette transition est corrélée à un basculement concomitant du statut de nomade à celui de sédentaire.

Première révélation de l'ouvrage assez surprenante : il semble qu'en plusieurs endroits du monde, la sédentarité et la construction de maisons en dur aient légèrement précédé la domestication alimentaire, ou, du moins, l'ait grandement favorisée. L'idée reçue à ce propos invoque plutôt le contraire.

Deuxième fait intéressant relaté dans l'ouvrage, celui de la notion de " prison " environnementale. Qu'est-ce à dire ? Pour le cas le mieux documenté, c'est-à-dire le Proche-Orient, il semble que la révolution néolithique se soit produite au centre du Croissant fertile, disons, pour faire simple, l'Israël, la Jordanie et la Syrie actuelle, mais que ce n'est que lorsqu'elle s'est répandue aux régions voisines qu'elle a produit de lourdes mutations sociétales et culturelles.

Les régions voisines en question étaient la Mésopotamie et l'Égypte. Or, ces deux régions sont des sortes de grandes oasis fertiles entourées de zones assez inhospitalières. Ainsi, la population croissait dans ces espaces fermés, du fait de la production alimentaire, sans possibilité de déverser le trop plein de population dans les régions voisines, peu propices à l'agriculture. Ces environnements agissant comme des prisons naturelles pour ces populations qui ont rapidement dû se soumettre à une forte hiérarchisation et à la création d'états centralisés.

Troisième fait étonnant de l'ouvrage, la constatation que les lieux de départ des domestications alimentaires néolithiques sont à la fois peu nombreux sur la planète et relativement proches dans le temps, si on les compare à l'ancienneté de l'apparition humaine. En gros, il y a environ de 12000 à 7000 ans. Si on accepte que notre espèce existe depuis environ 300000 ans, c'est à la fois très tardif et très rapproché dans le temps. Ceci est vraisemblablement à mettre au crédit d'une modification importante du climat qui a dû commencer il y a environ 15000 ans.

Enfin, dernière révélation qui a un peu secoué mes idées reçues, le fait qu'à plusieurs endroits sur la planète, des chasseurs-cueilleurs aient mis au point la poterie bien avant le néolithique (c'est le cas apparemment au Japon et chez nombre de peuples amérindiens). On pensait préalablement, comme pour la sédentarité et la construction en dur, que c'était la production alimentaire qui avait engendré leur apparition.

Pour le reste, un ouvrage que je trouve intéressant mais synthétique, donc, ceux qui souhaitent approfondir doivent aller voir ailleurs pour entrer dans le détail. Je leur conseille, par exemple, de l'inégalité parmi les société de Jared Diamond.
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