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Critique de latina


Il y a toute une polémique sur Babelio à propos de la pertinence des prix de tout acabit, à commencer par le Goncourt.
En Belgique, l'attribution des prix n'est pas (encore) galvaudée, et le prix Rossel, créé en 1938 pour dynamiser la littérature belge, est le plus prestigieux. Je peux vous certifier (et ce n'est pas du chauvinisme) qu'un roman ayant reçu cette récompense la vaut bien !

Tout ceci pour vous parler de « Robinson » de Laurent Demoulin, qui confirme parfaitement ce que je viens d'expliquer.
Laurent Demoulin, par petites tranches quotidiennes, nous fait entrer dans l'existence - difficile ô combien- d'un papa d'enfant autiste.
C'est donc du réel, du prosaïque, et même du scatologique qui nous est conté, avec de petites touches d'humour qui dédramatisent l'univers infernal que vivent les adultes face à ces enfants. Il y ajoute même la poésie, qui elle, fait décoller la réalité pure et dure et l'emmène au pays de la tendresse et de l'amour véritable.

Laurent Demoulin enseigne à l'université de Liège, il est le spécialiste de Francis Ponge, de Roland Barthes et de toute la clique intellectuelle (n'y voyez aucun mépris de ma part à l'emploi de ce mot « clique »). Il est intelligent, il est romancier, il est poète,... il est papa. Et c'est là sa plus belle fonction, car quand il a la garde de son fils Robinson, autiste, il s'en occupe à plein temps.
Et les parents d'autistes le confirmeront : c'est contraignant, fatigant, usant, mordant, désespérant....mais l'amour est là, immense, et c'est ça qui les porte.
Robinson a dix ans. Il ne parle pas, il pousse de petits cris. Il a des couches, mais les retire souvent en deux temps trois mouvements pour faire caca par terre et l'étaler sur les murs et sur lui. Il lance tous les objets qu'il trouve. Il met à sac une pièce en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Il a des gestes désordonnés et renverse tout. Il boit l'eau du bain, l'eau de la piscine...
Toutes les sorties, que ce soit au supermarché, bien calé dans le caddie, au cimetière pour se rendre sur les tombes de la famille, à un barbecue entre amis, à la piscine, toutes les sorties – et je pèse mes mots – sont de véritables expéditions dangereuses. Déjà à la maison, ne pas regarder Robinson au-delà de 45 secondes est dangereux...c'est vous dire.

Héros des temps modernes, Laurent Demoulin et par là-même tous les parents d'enfants « différents » subissent au quotidien le poids de leur enfant, au sens premier du terme : dans les bras, sur la hanche, par la main, ils le trainent, le portent, le soutiennent.
Sans compter le regard des autres : des autres parents, des autres enfants, des autres adultes...
Difficile de concilier une attitude posée et un regard perpétuel et inquiet sur son enfant, tout en sachant que les autres observent, indignés, incompréhensifs, et parfois, oui parfois, pleins de compassion.

Je ressors de ce livre toute remuée, toute bouleversée.
Car cet enfant, Laurent Demoulin l'aime plus que tout. Il a peur pour lui, pour son présent mais aussi pour l'avenir. Quand il sera vieux, quand il mourra, que deviendra Robinson ?
Je salue donc tous ces parents, je leur rends hommage à travers cette critique.
Et je vous dis : l'autisme et l'amour ne sont pas étrangers l'un à l'autre, lisez « Robinson », vous en serez convaincus !
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