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Critique de amuri59


Lecteur privilégiant le polar/thriller, il m'arrive souvent d'être confronté à des tueurs en série dans les intrigues. Inévitablement, survient le pourquoi. Quelles sont les causes d'une telle barbarie ? Déterminisme, folie, déviance ? Ainsi l'ouvrage de Laurent Denave permet de me confronter à un angle particulier : considérer le meurtre en série comme un fait social.

En cela, cet essai commence par réfuter les thèses biologiques. On ne naît pas tueur en série, on le devient. Il tempère aussi le fait que mettre l'accent uniquement sur le développement de l'enfant au sein de la famille est trop simpliste. Il faut aussi s'intéresser aux contextes sociaux et économiques, au statut de la famille.

Ce livre se veut avant tout une synthèse. En effet, de nombreuses notes emmènent le lecteur en fin d'ouvrage et l'incitent d'ailleurs à prolonger sa découverte vers d'autres référents. Surtout en début d'ouvrage, cette manière de faire est un peu trop abrupte et aurait nécessité, à mon sens, un développement un peu plus large.

L'auteur s'intéresse surtout à la corrélation entre ces criminels et le capitalisme. Il explique que ces actes odieux sont commis en réponse à une société inégalitaire dans la répartition de ses richesses. le tueur en série prendrait une sorte de revanche quant à son propre statut social. Ce serait pour lui un espèce d'ascenseur social (reconnaissance au travers des médias) ou une manière de gommer les inégalités qui le sépare des gens qu'ils assassinent. Souvent issu d'une famille de classe défavorisée, le criminel n'aurait de cesse de vouloir assouvir sa frustration de ne pas avoir accès à tout ce qu'offre la société de consommation ou effacer son déclassement. Un lien semble d'ailleurs établi entre le début des années 70 et les crises inhérentes, et l'augmentation exponentielle du nombre de serial killers : la frustration sociale serait alors compensée par l'appropriation de la vie d'autrui, si possible d'une classe supérieure à la sienne voire représentant la classe aisée. le patriarcat de ce type de sociétés est aussi un élément à prendre en compte, la gent féminine devenant encore plus une cible en temps de crise, ainsi qu'une excuse pour le renforcement des politiques pénales qui au final, à elles seules, ne font pas diminuer la pression sur les femmes.

Cet ouvrage est parsemé de cas concrets, à l'image d'un Ted Bundy ou d'un Ed Kemper, et s'appuie quasi exclusivement sur des cas étasuniens. Je sais qu'il est plus compliqué d'avoir des données françaises, mais au regard de certains propos du livre, un Fourniret ou un Guy Georges auraient eu leur place dans cet écrit.

Je remercie Babelio et Raisons d'agir éditions pour l'envoi de ce livre, très bien documenté, qui m'a permis d'ôter certaines idées reçues et de mettre le doigt sur le fait que nos sociétés capitalistes, en créant et entretenant des inégalités, engendrent une forme de criminalité qui se retourne contre elle et déshumanisent au point de créer des « entités » prêtes à tout et surtout au pire.Une autre forme d'anthropocide ?
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