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Critique de caro64


Avec son premier roman, Alix Deniger (c'est un pseudonyme) nous livre un sanglant jeu du chat et de la souris dans une île de Beauté aux prises, encore et toujours, avec ses vieux démons.

Le cursinu, chien corse par excellence, illustre parfaitement le contenu de ce très bon roman policier qui nous plonge dans les méandres de la Corse au lendemain de l'assassinat du préfet Érignac. Alors que l'action débute, les nationalistes sont exsangues, à bout d'énergie et de moyens, les voyous pèsent d'un cran supplémentaire sur les affaires locales, et les flics ont toujours autant de mal à retrouver leurs petits au milieu du cirque insulaire. Un homme, François Federici, figure historique des nationalistes devenu politicien, décide de relancer les attentats, ordonnant de nouveaux plasticages et le recours au racket pour obtenir des fonds. Devant les réticences de son équipe, il confie cette tâche à une bande de bras cassés aux motivations plus que terre à terre : il s'agit de sa première mauvaise décision. Elle entraînera tout ce beau monde dans un jeu de dominos funèbre.

Alix Deniger, ancien flic, a rédigé son premier roman avec l'ambition affichée d'éclairer, non l'actualité immédiate, mais les évolutions en cours dans l'île. Et c'est réussi ! Côté scénario, la structure est très classique, mais l'ensemble est rondement mené et le classicisme formel permet en fait de se concentrer sur les événements. L'auteur interroge en particulier les liens existant entre les structures politiques nationalistes, leurs organisations armées et les réseaux mafieux. Il dépeint un mouvement nationaliste en perte de vitesse, Il montre en particulier la logique infernale de la clandestinité, qui rend les frontières entre militantisme et gangstérisme de plus en plus poreuses. Plus les idéaux vieillissent, plus la perspective s'éloigne et plus les "combattants " s'autonomisent, cherchant à se tailler leur propre part du gâteau. Et ces prétentions nouvelles se règlent dans le sang et la violence. Deniger nous fait aussi partager le fonctionnement et le quotidien de la DCRI ( Direction Centrale du Renseignement Intérieur) chargée de surveiller les activités terroristes sur l'île. L‘auteur met ainsi à profit les années qu'il a lui-même passé dans les différents services de police et nous offre un roman extrêmement documenté. Avec un sens aigu du réalisme, qu'il s'agisse d'une perquisition, des planques, des filatures, d'une tentative de racket ou de la préparation du prochain attentat, le lecteur suit pas à pas les différents protagonistes. On a vraiment l'impression d'être sur le terrain… L'écriture, sèche et percutante nous happe dès le début. Captivant et passionnant. Un premier polar sur la Corse, violent et âpre, à découvrir.

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