[Messire Violence] Porte un long manteau et des bottes noires, et peut-être un chapeau au-dessus de son col. Un borsalino peut-être, ou peut-être un chapeau melon. Ou bien il ne porte pas de manteau et va pieds nus, et ses pieds sont des animaux morts échoués, ses mains des pince-étaux, son sang de l’huile. Il est couvert aussi bien de poils que d’écailles. Fait d’un plastique complexe. Il est incapable d’aligner deux réflexions.
Aucune ville comme celle- là: de l'eau dans les moindres coins et recoins, des habitants fouillant les poubelles à tous les carrefours. Enfants sans bras, enfants sans jambes, enfants sans yeux : générations déformées par les saloperies en tout genre que charriaient l'eau et l'air.
À un moment donné, bien plus tard, je demandai à O'Casey:
— Qu'y a-t-il de vrai dans ce que vous racontez?
— Oh, tout est vrai, répondit-il. Simplement, je ne sais pas quelles parties sont inventées.
Le son de l’accordéon était une mer houleuse sur laquelle, que ça lui plaise ou pas, dansait le journaliste.
La pluie, c’est le moment constant. Qui perpétue la rue, les ruelles, les caniveaux, les canaux de la ville. Ruisselant sur les vitres, le chuintement des rares voitures, la vapeur. Perles de pluie pareilles à des messages, à des mots émis par des fantômes que nous n’avons tout simplement pas su comprendre. Nappes de pluie. Systèmes de pluie.
/Tu vois ce que je veux dire?/
/…pas vraiment/
/Non?/ Vois-tu, les gens sont déboussolés. Ils cherchent les réponses dans la lumière. Comme cette tache de lumière au pied du lampadaire. On n'a regardé que ce qu'on connaissait déjà. Sciences, livres, données…Et pendant ce temps-là les choses n'ont fait qu'empirer. La vie ne fait qu'empirer. Les gens se comportent de plus en plus mal les uns vis-à-vis des autres…On n'arrive pas à rentrer chez soi. Du coup, certains d'entre nous cherchent les réponses dans le noir.