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Critique de GeorgesSmiley


Qui n'a jamais rêvé d'imiter Charles de Gaulle et sa retraite d'Irlande ? Qui n'a pas rêvé de parcourir ses grèves, ses lacs, ses tourbières, sous le ciel bleu entre deux averses ou bien, après avoir subi un grain bien glacé sous un ciel bien noir, de se réfugier dans le petit pub du village, devant un whisky et le plus près possible de la cheminée en attendant que les musiciens aient enfin décidé de commencer à jouer ?
C'est, en tout cas, ce qu'a choisi de faire le narrateur. « J'attends. Mais quoi ? Ma propre apocalypse ». On lit, on pêche, on chasse, on arpente la lande, on évoque les fantômes, on mange, et les amitiés ont le temps de s'étoffer, la plupart du temps au pub dont le patron fut un grand jockey, autrefois vainqueur la même année du Grand prix de Dublin, du Derby d'Epsom et de l'Arc de triomphe.
Il y a Jerry le jeune voisin, exilé dans le modeste et vétuste cottage appartenant à ses ancêtres partis d'Irlande, pauvres comme Job et à présent riches comme Crésus aux USA. Il y a également le médecin septuagénaire qui, au volant de son taxi mauve (comme la bruyère de la lande), arpente le comté de Clare pour visiter amis ou patients (dont certains ont maille à partir avec les autorités) et ne manque guère de soirées au pub. Il y a aussi un géant mythomane dont la fille mystérieuse et silencieuse fascine aussi bien le jeune Américain que le narrateur. le passage des soeurs de Jerry pour s'assurer que le petit dernier de la fratrie se porte bien ranime bien des émotions enfouies.
L'intrigue est mince mais l'intérêt est ailleurs. D'abord parce que le narrateur, qui attendait la mort qu'on lui a prédit mais qui ne vient pas, recommence à éprouver des émotions qu'il ne pensait plus possibles; ensuite parce qu'à presque chaque page on a une phrase ou un paragraphe qui fait mouche, tantôt sur la nature ou la beauté, tantôt sur l'amitié, la bonté ou l'amour, ou tout simplement parce que ça sent parfois « les toasts, la marmelade d'orange et le thé de Chine », d'autres fois les huîtres et l'irish Coffee et d'autres fois encore la tourbe, la pluie, les algues, le stout ou le whisky.
Superbe ballade poétique et terrible invitation à retourner en Irlande.
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