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Critique de Nat_85


C'était " La chance de leur vie "... Ce dernier roman d'Agnès Desarthe est le reflet d'une France vue d'outre-Atlantique, dans l'ironie et la dérision. Publié aux éditions de l'Olivier en cette rentrée littéraire 2018,  c'est à travers un couple affecté par les mensonges et  les infidélités que l'on retrouve le goût de l'auteure pour les personnages franchement décalés.

Hector, Sylvie et leur fils Lester sont à bord de l'avion qui doit les emmener aux Etats-Unis. Une nouvelle vie s'offre à eux. En effet, Hector - poète et philosophe sexagénaire - a été nommé professeur à l'université de Caroline du Nord.
p. 8 : " Leurs vies à tous les trois allaient être si radicalement bouleversées qu'il convenait d'appliquer la devise d'Edwina, sa belle-mère : "S'étonner toujours, se démonter jamais. "
Sylvie va devenir le centre de ce roman, devenant les yeux du lecteur. Femme au foyer, elle revendique - silencieusement toujours - son statut, n'éprouvant ni fierté ni gêne. " être rien est un idéal qu'elle poursuit, son parcours s'inspire du non-agir, cela n'est pas le signe d'une défaillance, d'une situation humiliante, mais d'une éthique, un choix de vie".
Un drame vécu plusieurs années auparavant plane secrètement au-dessus du couple, comme une ombre innommable au tableau.
p. 126 : " Je sais, maman. Je sais que, papa et toi, vous avez perdu un bébé. Une fille. Longtemps avant ma naissance. "
Alors parfois, la mélancolie reprend ses droits et Sylvie dont la tension quotidienne est proche du zéro, laisse cours à ses pensées.
p. 63 : " Certains matins, Sylvie se demande si elle existe encore et, juste après, ce que cela signifie d'exister. Elle sent alors, sous ses pas, le rebord d'une spirale d'anxiété. Si elle avance sur cette voie, elle sera fichue. Elle glissera, perdra ses moyens, ne saura plus remonter. Cela lui est arrivé autrefois. Elle se rappelle la sensation. Un anéantissement auquel on assiste en spectateur, jusqu'au moment où l'on se rend compte que l'on est soi-même démoli. On est alors saisi par l'effroi et l'envie de fuir, sauf que l'on n'a plus l'énergie nécessaire pour s'échapper, faire marche arrière. L'énergie elle aussi a été détruite, absorbée. Mais c'est différent à présent. Elle est simplement dépaysée. "
Pendant que son mari affine ses liens avec ses collègues, notamment Farah Asmananton, Sylvie décide de s'inscrire à des cours de poterie, sur les conseils de l'Alliance française. Elle y fait la rencontre de Lauren, professeure, qui se prend à voir dans l'état de léthargie de Sylvie une artiste en devenir...
p. 120 : " Pas d'impatience chez toi, pas de volonté de prouver quoi que ce soit. C'est l'humilité première, primaire, le douloureux et nécessaire constat de l'incapacité. Commencer par penser que l'on n'est pas capable, c'est le préalable à tout ce qui suit. "
Lester, quant à lui, comme tout adolescent qui se respecte, vit dans une sorte de bulle. Sa propre bulle surtout... il se rebaptise par la même occasion "Absalom Absalom". Il attire ses amis dans des regroupements dignes d'une réunion de secte. Il n'existe pas de réelle cohésion dans cette famille, et pourtant Lester formule inlassablement des prières.
p. 113 : " Protégez mes parents. Protégez-les de la violence du monde, de la tristesse."
La famille Vickery vivra de loin les événements des attentats de Paris. Mais l'émotion qui reliera les compatriotes français sur le sol américain a presque un aspect touchant. Mais les américains sont obnubilés par les élections à venir, dans une Amérique pré-Trump.
Les doutes de Sylvie quant aux infidélités de son mari se confirment lors de l'intervention du dépanneur de machines à laver. Ce dernier fait la découverte de préservatifs coincés dans le tambour.
p. 162 : " Ils s'embrassent lentement, avec délice, et c'est à ce moment qu'a lieu la révélation : Voilà comment mon mari embrasse quand il ne m'embrasse pas moi. "
Dans un état d'apathie désarmante, Sylvie n'en éprouve ni jalousie ni colère.

Si l'incipit de ce roman me semblait particulièrement prometteur, je ne cache pas l'effort qu'il m'a fallu pour atteindre le point final ! Je suis certainement passée à côté de la subtilité de cette histoire.... totalement insipide à mon goût. L'auteure se moque et stigmatise la place des femmes dans la société américaine. On y dénote les différences de culture entre les deux pays. Mais le personnage de Sylvie me semblait  très prometteur de prime abord par l'introspection qu'elle fait de sa vie et de son couple. Déception...
Lien : https://missbook85.wordpress..
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