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Critique de fredericaimard


Ce roman se situe dans un monde apparemment figé dans un passé indéboulonnable. Sous le nom De Rougemont, on reconnaîtra Senlis. Belle petite ville historique, à quelques dizaines de km au nord de Paris, avec sa bourgeoisie autochtone qui fonctionnerait encore en entre-soi. Dans ses faubourgs, il y a aussi une population fixée par les quelques zones industrielles ou commerciales, qui vit dans des lotissements, avec ses HLM, ses familles plus ou moins déglinguées, sa jeunesse parfois délinquante, sur fond de chômage, d'allocations, de trafics divers. Quant aux saintes familles qui possèdent le centre-ville, ses hôtels particuliers, ses commerces, ses petites industries, elles maintiennent les apparences. Ainsi en est-il du premier héros de ce roman. Il a hérité d'une société de distribution de matériaux de construction et il a su comprendre à temps que le monde des indépendants en ce domaine était terminé : il a vendu à Bolloré… Il s'est reconverti dans une entreprise distributrice d'alarmes anti-vol hautement lucrative. Il a épousé une Parisienne de bonne société, qui reste femme au foyer. Il a deux garçons, grands adolescents qui font sa fierté. Tout va bien. Sauf que sa femme s'ennuie et boit trop, de plus en plus…
Chez les pauvres, la vie est beaucoup plus compliquée et la jeune Marceline, deuxièmes personnages importants du roman, en révolte contre son milieu social, s'est mis en tête de passer de l'autre côté du mur. Gageure qui semble impossible, même s'il y a un point de jonction entre ces deux sociétés car on est dans le micro-monde des catholiques pratiquants. Les riches occupent les premiers rangs à la cathédrale. Les pauvres sont quelques bancs plus loin. Sous le regard bienveillant du recteur qui, seul peut-être, a des liens profonds avec des familles des deux côtés…
On vous a parlé de roman catholique, non pas que la religion y soit omniprésente, loin de là. Nous avons ici une bonne histoire de secret de famille, à la Mauriac ou même à la Guy des Car si on veut, et une histoire de vengeance, pourquoi pas à la Félicien Marceau… le sexe et les addictions y tiennent leur rôle. On est au XXIe siècle. Mais Marc Desaubliaux a choisi pour héros masculin un homme dont on ne saura pas, jusqu'à la fin, s'il est « un homme sans volonté », comme le héros d'un de ses précédents romans, ou bien s'il a découvert une voie qui fait de lui une grande âme. C'est une des ambiguïtés qui tiendra le lecteur en haleine et en proximité, outre le dévoilement progressif de douloureux secrets dont toutes les familles ont les équivalents même si bien peu veulent le savoir ou l'assumer. Suffisamment hors du temps pour nous faire rêver, et totalement de notre temps pour que nous puissions nous y identifier, voilà une histoire toute en finesse malgré les retournements préparés de longue main. Il aurait été très facile de la gâcher par quelques effets trop romanesques ou violents, mais l'auteur reste fidèle à sa petite musique tout du long. Les personnages vous tiendront longtemps au coeur et à la mémoire et, accessoirement, certaines réflexions ou comportements des uns et des autres pourraient bien vous remettre en marche spirituellement.
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