AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jamiK


jamiK
27 septembre 2020
Ce livre fut acheté à sa sortie, en 1981, et j'avais été assez fasciné à l'époque.
Le graphisme minutieux de Claude Auclair est remarquable, réalisé en noir et blanc, à la plume, avec un souci du détail très poussé mais qui devient parfois un peu trop fouillis.
Cette bande dessinée reprend le thème de la ville d'Ys, en changeant le point de vue. Dans la version courante, l'amant de Dahud, donc Bran Ruz dans celle-ci, serait le diable, or ici, c'est lui le héros et ceux qui l'accusent d'être le diable, les chrétiens ont le mauvais rôle. D'accord pour l'inversion des rôle, cela donne une version originale, mais la théorie militante très douteuse qui voudrait nous faire croire que la religion païenne, druidique en l'occurrence, vaudrait mieux que la religion chrétienne me paraît avec le recul assez malsaine.
Il faut sans doute connaître un peu l'histoire de la Bretagne pour se repérer, les bretons ne sont pas les premiers occupants, ils sont arrivé à la fin du IVe siècle et ont pris la place des peuples armoricains, osismes et coriosolites. Dans cette bande dessinée, les auteurs se placent du côté des armoricains, dans le rôle du peuple païen opprimé, occupé par l'envahisseur breton, christianisé. En introduction et en conclusion, il y a une scène de fest noz qui se passe à l'époque de la création de la bande dessinée. on est en plein dans l'affaire de la Centrale Nucléaire de Plogoff. Dans le contexte de l'époque, on saisit le besoin de révolte et le parallèle avec cette version de la légende de la ville d'Ys paraît justifié. Nous allions manifester contre cette centrale nucléaire imposée par un pouvoir centralisé qui pouvait encore à l'époque être vu comme un pouvoir colonisateur. La révolte était nécessaire, mais lorsqu'on cette bande dessinée sort du contexte, l'aspect religieux, avec les textes écrits dans le style du conte devient vite lourd et indigeste. Remplacer une idéologie religieuse par une autre idéologie religieuse encore plus archaïque et imaginer qu'un peuple peut s'émanciper en retournant à ses croyances anciennes, voilà une théorie assez dangereuse. J'en ai un peu marre de cette assimilation de la Bretagne à un mysticisme rétrograde. Sans cette tentative de parallèle avec la Bretagne actuelle vis à vis de la France, cela aurait pu passer comme une bande dessinée de Fantasy se basant sur des légendes réelles, mais l'aspect militant effleure des théories identitaires et là je n'approuve pas. Jean Markale, dans la préface, se défend bien de ses dérives, pourtant il ne suffit pas de décréter qu'elles n'y sont pas pour qu'elles n'y soient pas.
Pour conclure, l'histoire est de qualité, avec des personnages forts et troubles, l'utilisation de la légende est intéressante, le graphisme est fin et élégant, mais le militantisme nationaliste et le mysticisme viennent tout gâcher.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}