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Critique de Patsales


"La Promesse de l'aube", contre-enquête.
Désérable s'empare d'un personnage secondaire du chef-d'oeuvre de Gary et tente à travers lui de percer le mystère de la construction romanesque. Qui est M. Piekielny? Fut-il vraiment le voisin de Roman Kacew, à Vilnius ? Ou a-t-il été créé de toutes pièces ? À moins qu'il ne s'agisse d'une lointaine réminiscence culturelle ?
À ce mystère s'en superpose un second : pourquoi Désérable s'est-il si facilement souvenu de ce personnage, justement ? Pourquoi les êtres de papier nous émeuvent-ils parfois plus qu'un voisin ou un collègue ?
S'entremêlent donc dans ce récit trois vies plus ou moins rêvées ou plus ou moins authentiques : celle de Piekielny, de Gary et de Désérable lui-même, dans un hommage appuyé à son devancier.
Appuyé et même relou.
Puisqu'enquête il y a, le minimum syndical quand on écrit un roman policier, c'est de prendre son lecteur par surprise : Quoi? Comment ? C'était lui, l'assassin ? Plaisir de la sidération.
Avec Désérable, au bout de l'enquête... Ben il n'y a rien.
P. 24: " Je crois savoir ce qu'est l'exigence d'une mère, j'avais une Mina Kacew, moi aussi. "
P. 237: " C'est en écrivant ce livre que j'ai compris pourquoi "La Promesse " [...] m'avait à ce point fasciné : ma mère était de la dynastie des Mina. "
C'est vous dire si on avance.
P. 243, deux révélations d'un coup:
"Qu'est-ce qu'un mensonge, sinon une variation subjective de la vérité ?"
Et aussi,
"Et si ce M. Piekielny incarnait les Juifs de Wilmo, massacrés pendant la guerre ?"
Ben oui, cher François-Henri, il n'était peut-être pas utile d'aller jusqu'à Vilnius pour barboter à ce point dans le lieu commun.
Livre vain, donc, mais joliment vain, et après tout, un lecteur ne saurait raisonnablement attendre de chaque auteur qu'il réinvente la littérature tous les jours.
Sauf que Désérable ment beaucoup plus et moins bien que Gary. Car, contrairement à ce qu'il nous affirme, il n'a rien à dire de Piekielny. Il en ignore tout et se bat vainement les flancs pour lui créer une individualité. Il l'imagine jouant du violon (bien sûr...), il en fait un barbier (tous les Juifs sont barbiers, on le sait depuis "Le Dictateur"), il est digne (forcément), célibataire (l'auteur a déjà assez de mal avec cet unique personnage sans s'ajouter des problèmes supplémentaires), bref Piekielny est un cliché, un fantoche, un prétexte, l'allégorie du Juif Sacrifié Par La Barbarie Nazie.
Incertain M.Piekielny.
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