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Critique de Sallyrose


Présenté comme un roman, il s'agit du récit d'enquête sur l'existence de M. Piekielny, un voisin de Roman Kacew.
Le seul voisin qui s'est laissé impressionné par les révélations divinatoires de Mina, la mère de celui qui n'était pas encore Romain Gary.
Au chapitre VII de l‘autobiographie romancée La promesse de l'aube, Romain Gary évoque « M. Piekielny (qui) ressemblait à une souris triste, (…) avait l'air aussi discret, effacé, et pour tout dire absent, (…). Vint la pathétique requête (…)
- Eh bien ! quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire…
(…)
- Promets-moi de leur dire : au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny… »
Dans les suites du roman, Romain Gary assurera qu'il a tenu sa promesse et qu'il parlera de M. Piekielny à de « grands personnages » tels que la Reine d'Angleterre ou le Général de Gaulle.
F.H. Désérable va faire une enquête auprès des archives de Vilnius, va se rendre sur place plusieurs fois et arpenter la ville à la recherche de M. Piekielny à travers l'Histoire de ce pays.
« Des milliers de documents furent soustraits aux pillards, disséminés dans des caves et dans des combles et retrouvés après la guerre puis à nouveau dissimulés : le moustachu de Moscou ayant décidé de parachever le travail de son homologue berlinois… »
Il va aussi émettre des hypothèses, créer des scènes fictionnelles sur des sujets plus vastes : de l'extermination des Juifs, à la mise en scène des dialogues entre Romain Gary et les grands de ce monde. Car, je ne vous le cache pas plus longtemps, le vrai sujet de ce livre est Romain Gary, la part qu'il a prise dans l'initiation littéraire de l'auteur, l'admiration pour l'écrivain, le Résistant mais aussi le falsificateur qui a créé de toutes pièces certaines parties de sa vie et qui sous pseudonyme s'est permis d'obtenir un second prix Goncourt.
Le style est savoureux. Beaucoup d'humour, beaucoup de dérision mais aussi une réflexion intéressante sur ce que signifie être écrivain, sur ce qu'est la littérature, passages qui transforment par moments ce récit en essai moderne et passionnant.
« …c'est peut-être cela et rien de plus être écrivain : fermer les yeux pour les garder grands ouverts, n'avoir ni Dieu ni maître ni nulle autre servitude que la page à écrire, se soustraire au monde pour lui imposer sa propre illusion. »
L'auteur a 30 ans et beaucoup de talent. Il parle de lui pour contextualiser sa quête et sa passion pour l'homme Roman Kacew et l'écrivain, Résistant, ambassadeur, etc. Romain Gary. Ce jeune écrivain partage avec son lecteur ses questionnements, son ironie, son admiration.
J'ai pris un plaisir inouï à lire ce texte, très documenté, bourré de références mais sans prétention, bien au contraire, aurais-je presque envie d'écrire.
Je ne sais quel sera le parcours de ce roman publié il y a 3 jours dans le cadre de la rentrée littéraire 2017 et donc de l'ouverture de la chasse aux prix. Mais il en mériterait bien un, une sorte de 3ème Goncourt pour M. Gary car lorsque l'on a refermé la dernière page du récit de F.H. Désérable, on n'a qu'un seul désir : relire La promesse de l'aube.
Voilà un roman que je vais offrir autour de moi, il est d'une rare qualité littéraire car il allie le fond à la forme, sa plume virtuose mais simple et moderne montre que la littérature a la vie devant elle.
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