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Critique de April-the-seven


Avant tout, je tiens à remercier Glenn Tavennec ainsi que toute l'équipe pour cet envoi en service presse. Les Fauves est l'un des premiers livres sortis dans la nouvelle collection de Robert Laffont, La Bête Noire. J'émerge à peine de ma lecture, mais je peux vous assurer une chose : la collection en question porte très très bien son nom.

Il est plus de 2h du matin et je viens de terminer ce livre. J'ai encore des images persistantes, la sensation que je vais faire des cauchemars, mais surtout… l'impression grisante d'avoir passé un moment sans pareil !

Les Fauves, c'est avant tout le bras de fer entre deux forces de la nature. Tout d'abord Lars, un métis à l'allure très intimidante, habité par des souvenirs terribles de la guerre qu'il a laissée derrière lui. Il en est ressorti brisé et comme mort, après avoir passé les jours les plus longs de sa vie chez les talibans. Aujourd'hui, il souffre d'un syndrome post-traumatique sévère et ne tient que grâce à la drogue, le captagon, qui engendre chez les soldats une résistance accrue à la douleur et les éloigne littéralement de leur propre corps.

Puis il y a Haiko, une jeune fille issue d'une famille fortunée qui se bat pour une cause qu'elle estime juste. Elle dirige d'une main experte l'association N.e.r.f (Nos enfants resteront en France). Celle-ci consiste à repérer les mineurs radicalisés et/ou susceptibles d'être embrigadés par le Daesh et à les empêcher de quitter le territoire avant qu'ils n'embrassent tout à fait la cause des islamistes sur le terrain. Mais si Haiko semble lutter pour le bien, elle n'en demeure pas moins une jeune femme arrogante et accro aux feux de la rampe. Les avis la concernant sont très controversés, et nombreux sont ceux qui désirent la faire descendre de son piédestal.

Lorsqu'une amie de Haiko est sauvagement assassinée et qu'une fatwa est lancée à son encontre, la mère de la jeune femme décide de lui attribuer un garde du corps. Et Lars semble être la personne toute désignée pour cela. Ces deux caractères forts vont alors devoir composer ensemble, se jauger et s'apprivoiser. Mais en mettant deux fauves dans la même pièce, ne finissent-ils pas par s'entretuer ?

Les Fauves est un thriller renversant, bouleversant et troublant. J'ai tellement de choses à dire que j'ai peur de tout oublier, à vrai dire. Ingrid Desjours s'est attaquée à un sujet extrêmement brûlant, mais a navigué dedans avec une adresse qui force le respect. Ce roman délivre pas mal de messages. Si l'histoire des protagonistes est fictive, la trame n'en est pas moins basée sur des faits concrets. La France après les attentats contre le Charlie Hebdo. Une France paralysée d'effroi, à la limite de la paranoïa. L'auteur soulève des problématiques bien ancrées dans notre société et jongle avec les points de vue sans jamais se départir de son objectivité. Au-delà du thriller psychologique, elle s'appuie sur des opinions variées et étaye ses propos de façon très habile, presque philosophique. Non seulement j'ai beaucoup appris, mais cette confrontation entre réalité et fiction m'a permis d'affiner mon propre sens critique.

Ce thriller est particulièrement violent. Les sentiments prédominants restent le ressentiment, la violence, les démons intérieurs, le deuil… rien de très positif. C'est bien malgré moi que je me suis surprise à adorer ça, à adorer Lars et Haiko. J'ai aussi adoré détester certains personnages, certaines scènes étaient tellement criantes de réalisme que je m'y voyais. Et honnêtement, je n'ai jamais été confrontée à une plume comme celle d'Ingrid Desjours. Elle est affûtée, directe, aiguisée. L'auteur parvient à faire passer des messages puissants avec cette plume. J'avais vraiment l'impression d'être un reptile devant un charmeur de serpent. Je lisais (ou plutôt je dévorais), aux aguets, tout en me nourrissant de ses mots, me délectant de ses propos, de ses hypothèses et de ses informations.

Quant à Lars et Haiko… ils forment un cocktail explosif lorsqu'ils sont ensemble. On se retrouve rapidement propulsés dans la peau de l'un et de l'autre, avec cette envie de fouiller toujours plus loin dans leur passé, à la recherche de la vérité. Puis il y a cette impression de danger lorsqu'ils sont ensemble, cette sensation que même si la menace se trouve à l'extérieur, l'un et l'autre ne sont pas à l'abri de se faire beaucoup de mal entre eux.

L'auteur s'appuie sur des faits véridiques et pimente le récit en ajoutant des articles et des témoignages sortis dans la presse ou disponibles sur internet. Ça ajoute une touche supplémentaire de réalisme, à tel point qu'on est encore plus immergé dans le roman. Elle aborde des sujets sensibles qui nous parlent beaucoup aujourd'hui. Celui du djihad, évidemment, mais aussi l'impact que les médias ont sur nous et le contrôle qu'ils exercent sur nos consciences, même celles de la police, censée être impartiale. Ce livre nous montre sans fard à quel point nous évoluons dans une société toujours plus folle qui creuse sa propre tombe. On navigue autour de différents courants de pensée. Les avis tranchés comme les plus pondérés. Ingrid Desjours ne nous parle que des faits, elle ne nous impose pas un mode de pensée et nous laisse nous faire notre propre opinion sur les questions soulevées.

En résumé, La Bête Noire tape et tape très fort avec ce premier roman. Un thriller qui laisse sans voix. L'atmosphère est noire à souhait, les personnages aussi dangereux que mystérieux, et l'intrigue magnifiquement menée jusqu'au tout dernier mot de la toute dernière page. Les Fauves est un coup de poing et je ne risque pas de l'oublier de ci tôt.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
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