AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ziliz


Bruno, la trentaine, est un ancien rocker et un futur grand écrivain - si, si, suffit de se lancer. En attendant, il est claustrophobe, agoraphobe, hypocondriaque. C'est un glandeur, un "branleur éternel" (sic), un parasite, une feignasse, "une larve absolue" (re-sic), un petit être fragile qui passe ses journées vautré devant la TV, de mauvaise foi, immature - étiquetez-le comme vous voulez selon votre degré d'indulgence à l'égard de ce genre d'éternel ado irresponsable. Pas méchant, mais sacrément boulet... Jusqu'à ce qu'une de ses ex- de lycée lui annonce qu'il est papa d'une fille de treize ans et que la gamine veut faire sa connaissance. Rencontre de deux mondes : celui d'une ado en pleine 'mutation', élevée par une mère rigide et friquée et celui d'un père tout neuf « qui vit comme un clodo ». Coup de pied aux fesses pour Bruno qui arrête enfin de tourner autour de son petit nombril, se prend d'affection pour cette enfant surgie de (presque) nulle part, revit sa propre adolescence à travers elle et prend conscience des dangers du monde pour les jeunes et de l'immensité du boulot pour la protéger sans lui couper les ailes.

Le début de ma lecture a été parasité par mes souvenirs du film 'Tel père, telle fille' (Olivier de Plas, 2007), adapté de ce roman et qui ne m'avait guère emballée. Ouf, j'ai vite retrouvé le ton de l'auteur et je me suis vraiment régalée. Après 'King Kong Théorie', 'Bye Bye Blondie', 'Apocalypse Bébé', 'Baise-moi', Vernon 1 et 2, il s'agit du roman le plus doux et tendre de Virginie Despentes que j'ai lu, le moins trash, le moins dérangeant. L'esprit de l'auteur qui me réjouit tant n'en est pas moins présent, son humour, ses coups de griffe sur la société, ses réflexions pertinentes - ici sur le mal-être et le sentiment de vacuité, les relations parents-enfants, l'adolescence, l'éducation. Si vous côtoyez des adolescents (et y perdez souvent votre latin) et/ou appréciez cette auteur, foncez sur ce roman, il devrait vous faire un bien fou.

Ta fille, quand elle perd pied et fait des conneries « [...] faut que tu la rassures. C'est comme si elle passait d'une rive à l'autre sur le fil d'un rasoir. Toi, faut que tu la rassures, c'est tout ce que tu peux faire pour elle. T'as bien réagi. Au pire, tu fermes ta gueule, tu te calmes, et après tu l'embrasses. » (p. 131)
A méditer quand on aurait plutôt tendance à monter sur ses grands chevaux et punir...
C'est ce que j'aime chez cette auteur : même si je partage une partie de ses opinions, elle me pousse à cogiter, bouscule mes petites idées toutes faites sans m'agacer. Et en plus son humour m'enchante.
Commenter  J’apprécie          435



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}