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sur 457 notes
Bruno, trentenaire, agoraphobe vit pépère aux crochets de sa compagne.
Une existence pourtant pas simple à assumer pour un individu "normal": deux ans qu'il n'est pas sorti de chez lui, qu'en bon velléitaire il remet au lendemain ce qu'il pourrait faire le jour même. Évidemment c'est sans compter sur le passé qui vient parfois vous rattraper par le colbac et pour notre procrastineur il prend l'apparence d'Alice, une liaison ancienne et fugace.
La jeune femme lui révèle non sans mal qu'il est l'heureux père de Nancy charmante ado de treize ans!
Nancy, ravie de mettre un visage sur ce père tant fantasmé va laisser libre cours à sa crise d'adolescence et mettre à mal ses parents. Peut-être Bruno y trouvera là l'occasion de grandir et de passer définitivement dans le camp des adultes qu'il a tant renâclé à rejoindre?
Ce roman très frais, drôle, truculent ravira les chanceux parents d'adolescents, surtout s' il s' agit d'une fille. Mais j'admire tout particulièrement le talent de Virginie Despentes pour sa faculté d'endosser le personnage de Bruno, quelle merveilleuse observatrice de la psychologie masculine!
Teen spirit, pas besoin de white spirit pour effacer votre adolescence, elle restera toujours tapie au fond de vous! Merci à ceux qui servent de révélateurs pour faire réapparaître comme par magie ce moment capital de notre vie, Virginie Despentes a cette grâce!
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Ah ! Virginie Despentes qui s'attaque à la parentalité, j'étais curieuse de voir ça !
Mais elle est maligne la Virginie , parce qu'elle l'aborde à sa façon, sur son terrain, de telle sorte qu'on ne puisse qu'applaudir à la fin, parce que comme toujours , sa critique de la société (féroce) sonne tellement juste…
Comme d'habitude chez elle, il y a des dingues et des paumés… son personnage de Bruno, trentenaire égoïste, glandeur est à la hauteur des précédents romans.
Le Bruno est officiellement traducteur ET sur le point de devenir écrivain , si seulement il voulait bien se donner la peine d'écrire la première ligne… Mais quand on gratte un peu, il n'en fiche pas une , se fait entretenir depuis deux ans par sa copine, n'est pas sorti de chez elle depuis autant de temps et passe sa journée devant la télé à fumer des joints.
Quand un beau jour, son ex de lycée , lui téléphone : elle a un truc important à lui dire.
Et quel truc…
Bruno se découvre une fille de treize ans, en pleine crise adolescente, et la mère aimerait bien un peu d'aide…
On la voit venir l'évolution… Bruno va devenir un gros chamallow avec sa fifille, retrousser ses manches et grandir un peu…
C'est certainement le roman le plus "mignon " de Virginie Despentes. La mue de cet "adulescent" est intéressante à observer même si quelques passages un peu caricaturaux m'ont moins plu . le "choc" des cultures et de la position sociale via l'argent est colossal entre les deux parents.
La fin qui fait écho au 11 septembre 2001 est étonnante et fait écho à la fin de Vernon Subutex . D'ailleurs, tout y fait écho ! Virginie Despentes à longueur de bouquin, délivre ses obsessions, ses inquiétudes, ses tripes et son vécu ; de sorte que chaque roman n'est ni tout à fait le même , ni tout à fait un autre. On rentre dans son oeuvre comme on rentrerait dans sa tête, on aime ou on aime pas . Il se trouve que je trouve cette personne (au delà de l'écrivain), très attachante, très "vraie".
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Bruno, la trentaine, est un ancien rocker et un futur grand écrivain - si, si, suffit de se lancer. En attendant, il est claustrophobe, agoraphobe, hypocondriaque. C'est un glandeur, un "branleur éternel" (sic), un parasite, une feignasse, "une larve absolue" (re-sic), un petit être fragile qui passe ses journées vautré devant la TV, de mauvaise foi, immature - étiquetez-le comme vous voulez selon votre degré d'indulgence à l'égard de ce genre d'éternel ado irresponsable. Pas méchant, mais sacrément boulet... Jusqu'à ce qu'une de ses ex- de lycée lui annonce qu'il est papa d'une fille de treize ans et que la gamine veut faire sa connaissance. Rencontre de deux mondes : celui d'une ado en pleine 'mutation', élevée par une mère rigide et friquée et celui d'un père tout neuf « qui vit comme un clodo ». Coup de pied aux fesses pour Bruno qui arrête enfin de tourner autour de son petit nombril, se prend d'affection pour cette enfant surgie de (presque) nulle part, revit sa propre adolescence à travers elle et prend conscience des dangers du monde pour les jeunes et de l'immensité du boulot pour la protéger sans lui couper les ailes.

Le début de ma lecture a été parasité par mes souvenirs du film 'Tel père, telle fille' (Olivier de Plas, 2007), adapté de ce roman et qui ne m'avait guère emballée. Ouf, j'ai vite retrouvé le ton de l'auteur et je me suis vraiment régalée. Après 'King Kong Théorie', 'Bye Bye Blondie', 'Apocalypse Bébé', 'Baise-moi', Vernon 1 et 2, il s'agit du roman le plus doux et tendre de Virginie Despentes que j'ai lu, le moins trash, le moins dérangeant. L'esprit de l'auteur qui me réjouit tant n'en est pas moins présent, son humour, ses coups de griffe sur la société, ses réflexions pertinentes - ici sur le mal-être et le sentiment de vacuité, les relations parents-enfants, l'adolescence, l'éducation. Si vous côtoyez des adolescents (et y perdez souvent votre latin) et/ou appréciez cette auteur, foncez sur ce roman, il devrait vous faire un bien fou.

Ta fille, quand elle perd pied et fait des conneries « [...] faut que tu la rassures. C'est comme si elle passait d'une rive à l'autre sur le fil d'un rasoir. Toi, faut que tu la rassures, c'est tout ce que tu peux faire pour elle. T'as bien réagi. Au pire, tu fermes ta gueule, tu te calmes, et après tu l'embrasses. » (p. 131)
A méditer quand on aurait plutôt tendance à monter sur ses grands chevaux et punir...
C'est ce que j'aime chez cette auteur : même si je partage une partie de ses opinions, elle me pousse à cogiter, bouscule mes petites idées toutes faites sans m'agacer. Et en plus son humour m'enchante.
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Loin du bruit médiatique de Cher Connard, le dernier roman paru de Virginie Despentes, je préfère parcourir son oeuvre à l'envers. Teen Spirit, comme Apocalypse bébe, met en scène une adolescente bobo, mal dans sa peau, à la recherche d'un parent manquant. Nancy, douze ans, ne croit pas que son père est décédé avant sa naissance comme l'affirme Alice, sa mère. Cette dernière contacte Bruno, qui ignorait cette paternité due à une brève liaison. Bruno, ex-membre d'un groupe punk, passe ses journées à mater les chanteuses sur les chaînes musicales en fumant des pétards dans l'hypothétique attente d'écrire un premier roman. Il décide de recontrer sa fille et peu à peu de découvrir les joies de la paternité.
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Un très bon roman, léger en apparence mais bien plus profond qu'il n'y paraît. Dans Teen Spirit, Virgine Despentes relate l'histoire de Bruno, un adolescent de 35 ans misanthrope et agoraphobe qui découvre du jour au lendemain qu'il est père d'une fille de 13 ans. Ce roman explore le thème du passage, du passage à l'âge adulte pour Bruno qui apprend à devenir père et de l'entrée dans l'adolescence de Nancy, sa fille qui entend bien le faire savoir et faire chier ses parents par tous les moyens.
Virginie Despentes a abandonné sa plume "trash" dans ce roman (une plume qu'elle a de toute façon laissée tombée depuis Baise moi) pour écrire une histoire simple, dans une langue moderne, fluide, directe et sans emphase. Les quelques formules provocantes qui ponctuent le récit sont toujours utilisées de façon pondéré et jamais au hasard. Si la première moitié du roman paraît simpliste et divertissante, le roman gagne peu à peu en profondeur, au même rythme que Bruno qui s'ouvre à sa fille, à ses sentiments et au monde qui l'entoure. Très vite, dans le roman, quand Bruno accepte son rôle de père, le style de Despentes devient de plus en plus profond, elle prend le temps de développer les sentiments de son personnage et nous offre de très belles pages d'écriture. de même, la critique sociale est toujours présente dans son oeuvre, une critique qui ponctue ce récit de façon toujours lucide et pertinente.
Le point de vue adopté est celui de Bruno, un point de vue interne et introspectif qui permet à Despentes de fouiller les pensées et les sentiments de son personnage, nous offrant ainsi une belle réflexion sur l'entrée dans l'âge adulte avec ses responsabilités, son ennui, ses déceptions, ses frustrations et ses trahisons. Comment, en effet, ne pas trahir ses idéaux de jeunesse lorsqu'on devient père et responsable d'une gamine en manque de repère? Comment préserver ses valeurs punk-rock et cultiver son rejet se la société lorsqu'on doit inculquer des valeurs éducatives à sa fille? Peut-on encore croire à l'anticonformisme, l'anticonsumérisme... quand on voit évoluer le monde et tous ses amis de jeunesse vieillir et se conformer peu à peu au grand moule universel? Virginie Despentes pose des questions intéressantes dans ce roman et offre des réponse parfois surprenantes.
Un élément essentiel et récurent de ce roman est la télévision. le roman s'ouvre une scène dans laquelle Bruno regarde la télévision et se termine de la même manière. La façon dont Bruno regarde la télévision nous permet de comprendre le personnage et de cerner son évolution tout au long du récit. Adolescent attardé qui regarde les fesses de J-Lo sur MTV, au début du roman, Bruno devient de plus en plus conscient, réfléchi et critique sur ce média et les valeurs écoeurantes qu'il diffuse, jusqu'à la scène finale qui offre de nouvelles perspectives, des angoisses mais aussi de nouveaux espoirs à notre personnage.
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« Elle avait une vie pire qu'une caissière, au final. Une vie de merde, des horaires d'esclave, toujours joignable au téléphone, le teint toujours brouillé sous le fond de teint, dégradée par la fatigue, la guerre des nerfs et le vide émotif ambiant. »


Heureusement que Bruno ne mène pas une vie pareille. Lui n'oserait jamais salir son aura de loser-sympathique en s'accordant avec ce qu'il imagine être les prescriptions fatales de la société. Précisons quand même que Bruno est un paranoïaque : non seulement il craint de sortir et de se mêler aux autres gens, mais en plus, il est persuadé que la société veut le contraindre à rentrer dans le « moule » (formule toute faite permettant de désigner ce que Rousseau, en d'autres époques, avait nommé le « Contrat Social »). Pourtant, malgré sa trentaine largement dépassée, il semble vivre confortablement sans travailler, sans payer d'impôts, sans verser de pension, en fumant des joints et en picolant, sans oublier d'aller à des concerts de groupes cools qui se permettent de lui laver le cerveau en toute impunité (car ils portent des Dock Martens). Incohérence maximale, esprit de rébellion de pacotille : de toute façon, nous étions prévenus : Teen Spirit est un roman écrit par Virginie Despentes. Niveau grande gueule, ça hurle à plein poumons, mais il suffit de gratter un peu et d'analyser les étapes d'une réflexion de pseudo-anarcho-communiste pour se rendre compte de l'énorme artifice que constitue sa « personnalité ».


Il suffit d'évoquer l'intrigue qui constitue la base de Teen Spirit pour sentir que Virginie Despentes ne se ménage pas en ce qui concerne le brassage de stéréotypes et l'esquisse de caricatures. Nous sommes bien loin des réflexions fines et nuancées des écrivains qui ont marqué la littérature (on aurait presque envie d'hurler à Zweig de revenir parmi nous) mais enfin, bon, après tout, Virginie Despentes n'a sans doute pas envie d'associer son nom à quelque caste que ce soit –après tout, elle est un esprit libre et rebelle.


Bruno, donc, est un pauvre loser trentenaire. Sans emploi, il justifie son inaction en prétendant écrire son prochain chef d'oeuvre. En réalité, il passe surtout ses journées à regarder la télé, à boire des bières et à fumer. Lorsque sa crétine de copine rentre le soir, après une journée de travail à la con, il ne comprend pas pourquoi elle est de mauvaise humeur et ne vient pas lui faire des bisous dans le cou. de toute façon, elle est cinglée : elle est végétarienne et n'aime pas se défoncer comme une vraie épicurienne. Alors que Bruno est plongé dans cette situation désespérante, une de ses anciennes conquêtes, Alice, l'appelle. Rendez-vous est donné. Bruno se demande si son sex-appeal a un quelconque rapport avec ce rencart. En fait, non. Subitement, après treize années de silence, Alice a décidé de lui annoncer que sa fille, Nancy, est le triste produit d'une de leurs anciennes unions alcoolisées.
Badaboum ! Bruno-papa a la tête qui tourne, et pour une fois ce n'est pas à cause de la bière. Il rentre chez lui, allume la télé et régresse à travers les dessins animés. le monde lui apparaît soudain comme maléfique.


Pour que le livre ait un quelconque intérêt, Virginie Despentes imagine que ce serait rigolo de faire se rencontrer Bruno et sa fille Nancy, une adolescente de treize ans, l'âge difficile en joggings-baskets, genre qui se la pète, qui écoute du Britney Spears et qui aimerait pouvoir traîner dans le métro toute la journée. Pourtant, malgré l'incompatibilité de ces deux caractères rabougris, Bruno et Nancy s'entendent super bien. On aurait dû s'en douter : tous deux sont de pauvres marginaux isolés d'une société tyrannique représentée par la mère Alice. Et de s'acharner sur cette pauvre femme fatiguée qui travaille, qui ramène des sous à la maison mais qui –ô, offense suprême !- n'a pas le temps de jouer aux Petits Poneys avec sa fille.

Puisque Virginie Despentes est un écrivain engagé, imaginons plusieurs causes qu'elle a souhaité défendre en écrivant ce torchon :

- Critiquer l'éducation traditionnelle qui étouffe la liberté et la joie des petits enfants rigolos ? ( « Autant le punk-rock s'était avéré être une formation désastreuse pour la vie réelle, ne préparant ni à l'obéissance ni à la compétition ni à la résignation ni aux refoulements exigés ; autant c'était une bonne école pour s'occuper d'une petite fille et ne pas chercher à l'amoindrir sous prétexte qu'il y a des cases et qu'il faudra bien qu'elle y entre. »)
- Faire l'éloge du mode de vie larvaire de son personnage Bruno, en l'opposant à l'activité frénétique de cette vieille sorcière d'Alice ?
- Porter un jugement moral sur le fonctionnement de notre société moderne et sa tendance à la corruption des jeunes esprits innocents ? (« Bouffer le cerveau aux moins de douze ans, s'assurer qu'ils prennent l'habitude de boire ce qu'il faut e coca par jour, pénétrer tous les crânes des gosses pour y enfoncer des mensonges : le bonheur, c'est être conforme, ça s'obtient en se payant des trucs, et pour ça il faut obéir, rentrer dans tous les rangs, que rien ne dépasse de non monnayable, et surtout ne jamais faire chier, être convenable c'est être heureux et être le premier, y'a pas mieux. »)
- Dresser le portrait d'un père idéal tel que Virginie Despentes n'en a jamais eu mais tel que son coeur éploré le réclame à corps perdu (attention, analyse psychanalytique proche) ?


Quoiqu'il en soit, Virginie Despentes a abandonné la défense de la cause féministe qu'elle avait amorcée dans King-Kong Théorie. Dans Teen Spirit, les femmes en prennent pour leur grade. Elles peuvent être belles et cruches (« Elle était née comme ça : superbe. Idiote au point où ça en devient poétique et troublant. L'imaginer lâchée dans ce monde avec sa cervelle amoindrie et les nichons qu'elle se payait la rendait follement excitante. Perpétuellement en danger, menacée et ayant besoin d'un homme. Elle m'écoutait avec une telle avidité, riant généreusement à n'importe quelle pauvre blague, que je me suis demandé un moment si elle ne me prenait pas pour quelqu'un d'autre. ») ou moches mais puissantes lorsqu'elles tentent de rivaliser avec les hommes sur le plan professionnel et social. Heureusement, auparavant déjà, King-Kong Théorie nous avait habitué à la déception.


Pas de hauts espoirs avec Despentes : on se contente d'un style d'écriture limpide (pour ne pas dire pauvre) et simple d'accès (pour ne pas dire débile), qui met en place une intrigue compréhensible (sans intérêt) sans pour autant se montrer divertissante. Teen Spirit est accessible aux personnes souffrant d'Alzheimer (les phrases dépassent rarement les cinq mots) ou aux enfants qui viennent d'apprendre à lire (il n'y a pas de mot compliqué ni de tournure syntaxique complexe). Entre deux livres enrichissants, Teen Spirit fera office de rigolade légère –aération du cerveau garantie.


Dommage que Virginie Despentes n'assume pas la fonction débilitante de son roman : aurait-elle envie de se hisser sur l'échelle de prestige des écrivains en proclamant plutôt qu'elle se prend pour l'évangile féminine des lettres françaises ? Ce n'est pas très punk-rock… On aurait préféré qu'elle avoue sans honte qu'elle cherche seulement à faire parler d'elle, à vendre des livres et à faire rigoler son lectorat, plutôt qu'elle prétende prêcher la bonne parole de la rébellion de masse. Vous pas avoir compris ? Heureusement, toute la pensée de Virginie Despentes est résumée, dans le fond et dans la forme, dans cette phrase qui vient clore Teen Spirit :


« le peu qu'on ait qui vaille vraiment, s'en réjouir vite et pas se tromper. »


Synthèse parfaitement réussie. On ne se réjouit pas, et on balance le bouquin aux oubliettes.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Pour son 4ème roman Despentes opère un virage radical. Finie la pornographie. Finie la violence. Place à l'adulte et aux responsabilités.

Bruno, le narrateur, est un ancien chanteur punk qui passe son temps à traîner chez lui en fumant des joints. Plutôt minable, "empli de cette familière sensation de foirage", il ne sort plus de chez lui depuis deux ans, se fait entretenir en attendant de se mettre à écrire un livre. Gros flemard immature. Un jour, il reçoit un coup de fil d'Alice, un amour de jeunesse qu'il n'a pas vu depuis 13 ans. Ils prennent rendez-vous et elle lui apprend qu'il est père. La vie de Bruno va alors basculer du tout au tout.

Teen spirit n'est pas seulement un livre sur l'adolescence (celle de Bruno qui n'est pas encore vraiment adulte et celle de sa fille qui oscille encore entre la fragile petite fille et l'ado insolente), mais aussi sur le fait d'être parent dans la société d'aujourd'hui. Et pour ce qui est de critiquer la société, Despentes n'y va pas de main morte. Tout y passe, à commencer par la télé ( les chaînes jeunesse en particulier),la bourgeoisie, le monde du travail, la société de consommation etc...
La vision du monde de Despentes est particulièrement cynique et pessimiste et pourtant dans l'ensemble le bouquin est plutôt tendre et émouvant.
Bruno, que rien ne prédisposait à être père, s'en sort extrêmement bien et grandit grâce à sa fille. Petit à petit, le loser-glandeur s'avère être un super papa, attentif et responsable. Sa vision du monde change aussi, il voit le danger partout, surveille du coin de l'oeil les regards se portant sur sa fille.
La situation est d'autant plus amusante que la mère de la petite est issue de la bourgeoisie catholique, l'a élevée dans un cocon, loin des réalités de la vie, alors que Bruno est une sorte de parasite qui squatte chez les copains, complètement fauché.

Ceci dit, n'attendez pas de Teen spirit un moment de pure détente et de rigolade. Certes, c'est son livre le plus léger mais tout de même ! Avec Despentes, la hargne n'est jamais bien loin et quand elle nous donne un bonbon, il faut s'attendre à quelque remontée acide...


Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Très bonne surprise avec ce roman de Virginie Despentes.
J'avais lu Baise-moi et Vernon Subutex et l'atmosphère pesante de ces deux derniers m'avaient fait repousser à bien plus tard toute nouvelle incursion dans l'univers de l'autrice.
J'ai découvert ici un récit beaucoup plus positif et optimiste avec Bruno, la trentaine, certes complétement paumé, adolescent attardé qui squatte chez sa copine et fume des joints toute la journée, persuadé qu'il va mourir d'une crise d'angoisse s'il met le pied à l'extérieur de l'appartement.
Jusqu'au jour où il apprend qu'il une fille, une ado de 13 ans et qu'elle veut le rencontrer.
Sur un rythme soutenu, une tornade débarque dans la vie de Bruno et chamboule tout : les voilà en train de grandir tous les deux!
Une excellente lecture!
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Bruno, trentenaire, passe ses journées enfermé dans l’appartement de sa copine ; il souffrirait d’une phobie l’empêchant de sortir. Il est censé écrire un roman, mais en réalité il écoute de la musique, végète devant la télévision, bière et/ou spliff à la main. Il semble resté bloqué à l’adolescence...
Il apprend soudainement qu’il a une fille de 13 ans, Nancy, née d'une relation passagère. Bruno, conscient de ses échecs et de son immaturité, se projette difficilement dans un rôle de père. Il lui semble préférable de continuer à vivre comme lorsqu’il ne connaissait pas l’existence de Nancy. La curiosité, une certaine fierté, et les pressions de son entourage l’amèneront cependant à tenter d’assumer sa paternité, ce qui est loin d’être gagné d’avance…

J’ai beaucoup apprécié ce roman bien que sa lecture ait été un peu parasitée par le personnage de Vernon Subutex présent dans les deux derniers romans de V. Despentes (plus récents mais lus avant celui-ci). En effet, Bruno et Vernon se ressemblent sur de nombreux points.
Virginie Despentes décrit le monde contemporain de manière plutôt pessimiste, mais son écriture et son humour permettent de faire passer ses messages de manière agréable. Son style est souvent décapant, tout en laissant la place à des moments de tendresse et à une réflexion intéressante sur l’adolescence et sur la paternité. Pas de développements superflus dans ce roman : il va à l’essentiel, à l’image des personnages lorsqu’ils s’expriment. Cette concision et cette densité contribuent à l’agrément de la lecture.
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Toujours le même plaisir de rouvrir un livre de Despentes... Écriture brute, directe, franche, entière. Description d'une société française sans pitié, d'une réalité faite d'inégalités sociales et de fermetures d'esprits vivement encouragées. Une société qui écrase les plus faibles, les "inadaptés", rejette les différences pour imposer un moule dans lequel grandir, laissant à la marge qui se poserait trop de questions sur la définition du bonheur... Teen Spirit, "esprit ado", rassure en ce point qu'il nous fait sentir moins seuls dans notre conscience de ce monde dans lequel nous vivons. Est-ce une crise d'adolescence que de remettre en cause l'idée générale qu'on doit se faire de notre bien-être? Grosse voiture grosse télé gros forfait deux mois dans l'année entassés sur les plages... Et gros vide intérieur. Si avoir "l'esprit ado" signifie rejeter cet "idéal", se battre contre toutes ces conventions sous entendues, alors il est clair qu'il n'y a pas d'âge pour faire sa crise d'adolescence.
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