Lorsqu'elle vit débarquer son chef dans les couloirs, elle sut immédiatement que ce n'était pas bon signe. Il ne loupait son golf qu'en cas de problème majeur et à voir sa tête ,on était en plein dedans.
Comment vous sentez-vous Max ?
- J'ai peur !
- Détendez-vous, vous ne risquez rien. Quel âge avez-vous, Max ?
- J'ai 8 ans.
- Que faites-vous ?
- je n'ai pas le droit de le dire.
- Et où êtes vous en ce moment ?
- Je ne sais pas. je suis à l'étroit...Il fait noir...Je ne veux pas respirer...
- Pourquoi ne voulez-vous pas respirer ?
- Je ne sais pas. Mais ça me fait mal. J'ai peur. J'ai envie de crier mais je ne peux pas...
- Pourquoi vous ne pouvez pas ?
- Parce qu'il m'entendra.
- Qui vous entendra ?
- Lui...
- Qui appelez-vous "lui" ?
- Celui qui vient de faire du mal à ma maman.
- Comment savez-vous qu'il lui a fait du mal ?
- Parce qu'elle m'a dit de me cacher...ensuite elle a crié très fort...
- Avez-vous vu celui qui lui a fait du mal ?
- ...
« Elle avait souvent vu des mutilations au cours de ses enquêtes mais ce qu'elle avait sous les yeux allait bien au-delà. Max aurait été incapable de trouver le mot juste à cet instant précis. En existait-il seulement un ? La semaine précédente, elle se navrait d'enquêter sur le cas d'une femme battue à mort. Que pouvait-elle ressentir à présent ? »
L’homme est un sujet complexe. Il essaie généralement de faire au mieux, avec les armes qu’il a, mais parfois il se perd en chemin.
Les voies du cerveau peuvent paraître impénétrables mais ce n’est pas le cas !
Quels que soient les malheurs qui vous arrivent dans la vie, c’est à vous de décider s’ils seront désormais une force ou une injustice qui vous empêchera d’avancer.
Max prit l’enveloppe et attendit qu’Agathe soit ressortie pour l’ouvrir. Elle contenait une feuille pliée en deux, écrite en lettre d’imprimerie :
Arrête de me chercher
Ça ne la ramènera pas
Tout est de sa faute
C’est d’une main tremblante qu’elle laissa tomber la feuille pour composer le numéro d’Enzo.
- Tu as autre chose pour nous ? demanda Max ramenant tout le monde à la réalité.
- J’ai bien un détail qui me turlupine. Sa mère et elle sont arrivées dans la région après la mort du mari.
Max ressentit comme une sorte de vent glacé dans son cou. C’était, chez elle, le signe qu’ils tenaient quelque chose.
- Et où habitaient-elles avant de déménager ?
- Lillebonne, en Haute-Normandie.
L’affaire allait prendre une tournure toute nouvelle avec ces derniers éléments. On ne recherchait plus un meurtrier lambda. On cherchait un tueur en série qui se déplaçait partout en France en toute impunité. La presse allait se régaler de la chasse au monstre qui allait débuter.
« Il ne manquait plus que ça ! » se dit-elle en décrochant son téléphone pour prévenir ses supérieurs.
L'homme est un sujet complexe qui fait au mieux avec ses armes, dit Max in petto en repensant aux paroles de Landberg. Mon cul, oui ! L'homme n'est que vanité.