« L’orgueil et la vanité sont les échasses du sot, mais elles ne le grandissent que pour le faire tomber de plus haut . »
John Petit- Senn. Bluettes er boutades ( 1846 ) .
- Ca arrive, Victor. C'est triste à dire mais c'est comme ça. L'année dernière, quarante enfants se sont suicidés en France. Le plus jeune avait cinq ans.
- Mais dans quel monde vit-on, Jean ?
- Dans un monde où on cherche à les faire grandir trop vite.
« L’orgueil et la vanité sont les échasses du sot, mais elles ne le grandissent que pour le faire tomber de plus haut. »
L’affaire des jumeaux de Piolenc avait été « son » affaire, ou plutôt son désastre, sa malédiction. À peine promu, il s’était retrouvé à trente-cinq ans à la tête d’une cellule de crise très vite dépassée. Il est dit que les premières quarante-huit heures sont les plus cruciales après la disparition d’un enfant. Jean avait compris trop tard la justesse de ces statistiques.
– Le bilboquet ? s’étonna Fabregas
– C’est surtout la cordelette que j’aimerais faire analyser. Vous savez, ce bout de ficelle qui retient la boule au socle. (p. 362)
- Parce que les jumeaux commencent à te hanter comme ils ont hanté ma vie. Mais tu dois te ressaisir, Julien ! Les fantômes n'existent pas.
Les villageois espéraient certainement apercevoir un survivant, une connaissance ou un visage familier qu’ils croisaient chaque dimanche au marché, mais la couleur de la housse mortuaire mit fin à leurs espoirs.
(Hugo Thriller, p.349)
« (...) Sans transition, faits divers : l’affaire des jumeaux de Piolenc a connu ce matin un tragique tournant. En effet, le corps de la petite Solène a été retrouvé dans le cimetière de la chapelle Saint-Michel de Castellas près d’Uchaux, soit à moins d’une dizaine de kilomètres de l’endroit où elle avait été vue pour la dernière fois. Selon les premières constatations de la gendarmerie, la fillette serait morte depuis moins de vingt-quatre heures. Nous avons pu échanger avec le jardinier de la paroisse qui a fait la macabre découverte. Encore très ému, l’homme a comparé la petite Solène à un ange. Elle portait une robe blanche et une couronne de fleurs dans les cheveux. Elle avait l’air si paisible qu’il a d’abord cru qu’elle dormait, malgré le froid, avant de reconnaître le visage de la fillette disparue, dont le portrait était encore largement diffusé dans la région. Son frère jumeau reste pour l’instant introuvable mais il est évident que cette terrible découverte va relancer l’enquête en espérant que de nouveaux éléments pourront être exploités... »
L'avis de recherche était établi au nom d'Arnaud Belli. L'enfant avait onze ans quand il avait disparu à la sortie de son école, la veille des vacances de Noël. Il habitait à Milhaud, un village à peine plus grand que Piolenc et situé dans l'agglomération de Nîmes. L'histoire de ce garçon n'avait malheureusement pas assez attendri la France pour qu'on le recherche avec le même acharnement. Etait-ce parce qu'il venait d'être placé dans sa quatrième famille d'accueil depuis la mort de ses parents survenue deux ans plus tôt, ou parce qu'il était déjà connu des services de la gendarmerie pour de menus larcins ? Le fait est que la théorie de la fugue avait très vite été avancée et que personne ne s'était plus vraiment soucié d'Arnaud Belli jusqu'à aujourd'hui.
Fagregas avait volontairement évité les "monsieur le directeur". Il savait d'expérience que ce petit détail pouvait avoir un grand impact chez ses interlocuteurs, surtout chez les hommes, généralement plus attachés que les femmes à leur petit pouvoir, et la technique fonctionna.