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Critique de philonnet


Régine DETAMBEL
SON CORPS EXTREME
Ce livre relate l'expérience unique d'une réappropriation de soi à travers son corps, dans l'expérience d'un traumatisme fondateur, et d'une renaissance à soi, à travers le corps.
Un schéma simple ; une femme tente de se suicider en enroulant sa voiture autour d'un poteau, et se réveille à l'état de semi-légume dans une unité de soin pour polytraumatisés. le livre retrace sa lente émergence à la vie, et comment c'est dans le rapport au corps, à travers la douleur d'un corps réduit en miettes, à travers la douleur d'un corps que l'on rééduque, une femme s'empare à force de volonté de sa vie, non seulement de son présent, mais d'une partie de son passé dont elle revit les traumatismes originels. Puis l'amitié d'un autre malade du centre de rééducation lui permettront d'envisager la possibilité d'une autre vie, où elle cessera de subir un passé, l'héritage d'une mère suicidaire, et la souveraine indifférence d'un père, d'un mari et d'un fils.
Rien d'intellectuel cependant dans ce parcours. C'est dans l'intime de la relation au corps, non dans les mots, que ce fait cette renaissance. Pourtant, les mots sont là, ceux de l'auteur, profonds, adhérant intimement à des expériences corporelles, une densité du langage qui rend le texte très attachant.
Remarquable prologue, où tout s'enchaine comme dans un plan séquence, de la banalité d'un chantier de nuit, dans le goudron et l'effort viril, l'amitié, la solidarité des travailleurs de la nuit, une nuit traversée d'intersignes, une biche qui s'égare sur le chantier, et trois fois rien, juste une voiture surgie de nulle part et qui vient terminer sa course autour d'un lampadaire.
Une économie de moyens de l'écriture, et cependant une efficacité réelle, en quelques pages, qui réussit à dresser un décor, non seulement pour une action dramatique, mais pour un univers mental et sensible.
Bravo.
Michel le Guen
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