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Critique de Alfaric


Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique que Vent d'Ouest a lancé la collection « J'ai tué » consacré aux grands assassins de l'histoire, célèbres ou anonymes…


Ce tome nous raconte la légende avant la légende, puisqu'entre deux interventions de la pythie de Delphes on nous raconte comment Alexandre est devenu roi de Macédoine avec l'assassinat de son père Philippe.
Entre vétérans confirmés et héros en devenir, entre vieux courtisans et jeunes arrivistes, la cour de Pella est un nid de vipères, et c'est dans ce nid de vipères que le sournois Attale avance ses pions. Il offre au roi Philippe sa fille Cléopâtre, une jeune poulinière pimbêche aux chevaux blonds, qui devient sa septième épouse… Ni le père ni la fille ne cache leur ambition de faire monter leur sang sur le trône de Macédoine et se mettent rapidement à l'oeuvre pour évincer Alexandre et sa mère.
La manière dont Alexandre passe de fils en mal de reconnaissance en assassin en puissance est joliment amenée par petites touches successives. Philippe lui-même est traitement plutôt finement car derrière le patriarche brutal, queutard et alcoolique, se cache un père hanté par la question de sa descendance dans une civilisation qui ne jure que par la question du sang, car il se retrouve en porte à faux avec un fils mentalement déficient et un fils brillant mais métisse…
Alexandre et Olympias hésitent constamment entre rébellion et conciliation, et c'est finalement Pausanias d'Orestide le somatophylaque qui va être agent du changement en soumettant le jeune prince à la tentation. le jeune guerrier qui a renié son passé n'a plus d'avenir, et s'oublie en traquant et tuant sans pitié ceux qui l'ont dépouillé de son innocence après l'avoir humilié. le personnage ne s'insère par facilement dans les intrigues de cours développées par le récit, mais force est de reconnaitre qu'il n'est pas facile pour lui d'exister face à ceux qui sont entrés dans la Geste de Macédoine… A la fin, c'est sans regret qu'il se donne à Alexandre : s'il lui promet de lui donner Attale, il lui donnera Philippe ! Alea Jacta Est ?


Je suis très content de pouvoir enfin dire sur babelio tout le bien que je pense d'Isabelle Dethan ! Cette perle rare scénarise, dessine, encre et colorise elle-même toutes ses histoires (ici avec le soutien du grouillot Mazan pour les finitions des dernières planches). Enfin bon, je dis dessine mais je devrais dire peint tellement ses traits se rapport de la peinture toutes ces scènes dédiées aux monuments ou aux paysages, notamment cette case magnifique qui nous montre en contre plongée le palais de Pella et qui respire l'impressionnisme ! Notons aussi sur le fond la jolie place faite dans cette histoire à tous les personnages féminins, car ils n'ont pas toujours autant à la fête dans la bande dessinée franco-belge…
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