Citations sur La renonciationà l'identité : Défense contre l'anéantissement (8)
Celui qui prête serment hypothèque son avenir à son présent, en garantissant son comportement futur. (p. 37)
La conclusion s'impose qu'étant donné la tendance de certains parents à punir toute manifestation d'individualité de leurs enfants, nos patients finissent par croire que le fait même de vouloir posséder une individualité sera considéré par des être tout-puissants comme une outrecuidance, punissable par la destruction de l'identité et même de la simple existence du coupable. (page 66)
« Ces faits expliquent, à mon avis, pourquoi le surmoi tend à conserver les attributs d'un matériel nettement hétéropsychique [particulièrement provenant de quelque divinité], et pourquoi il représente un conglomérat fortuit, plutôt qu'une véritable structure ; bref, pourquoi le surmoi est essentiellement composé de tout ce qui n'a pu être ni compris, ni maîtrisé, ni transformé en matériel autopsychique au moment où les événements, dont le précipité constitue le surmoi, se sont produits. » (pp. 61-62)
De nos jours, le but inavoué des pseudo-démocraties hypocrites est de se constituer en une population d' enfants intelligents, tandis que les totalitarismes cherchent à se constituer en une population d'adultes stupides. [...] Cette tendance de « régularisation par amoindrissement » est particulièrement frappante dans l'éducation des enfants. J'ai dit naguère, et je ne cesse d'insister , que nous apprenons à nos enfants tant et si bien l'art « d'être enfants » qu'ils ont toute la peine du monde à devenir adultes.
Dès que nous comprenons une chose ou un être dès que nous en établissons l'identité, dès que nous pouvons prévoir son comportement nous avons une emprise sur lui, nous sommes en mesure d'intervenir dans sa vie , tant pour le bien que pour le mal.
« Je crois qu'en psychanalyse on pourrait modifier le mot de Descartes "cogito ergo sum" et dire : Je pense afin de m'assurer que je continue d'exister à travers le temps. Un être qui manquerait totalement de mémoire se sentirait comme un nouveau-né à chaque instant. » (p. 55)
« [… L']identité n'est pas une première donnée. Elle résulte d'un assemblage à la fois planifié et fortuit, dont les possibilités et la portée sont limitées tant par la nature du "projet" que par le matériel dont il dispose, et dont il exploite les possibilités avec plus ou moins de succès. En même temps, divers secteurs de son "projet" peuvent se faire une concurrence pour le même matériel. » (p. 49)
"Je déteste mettre les choses clairement, et même exprimer quoi que ce soit en mots. Admettre une chose à haute voix signifie lui attribuer une réalité, et prendre un engagement envers elle. Avoir dit une chose me fixe et m'immobilise par rapport à cette chose - je ne peux plus la déformer, l'éviter."