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Critique de dourvach


André Dhôtel (1900-1991) est "un monde-en-soi" [*], comme on sait...

Comme l'ont été Isaac Bashevis Singer, Georges Simenon, Bruno Schulz, Franz Kafka, Julien Gracq, Halldor Laxness, Tarjei Vesaas, Iouri Kazakov, Dino Buzzati, Léon Tolstoï, Stefan Zweig, Henry James, Homère... et certainement quelques autres.

Relue récemment, cette tendre, étrange et familière histoire de kleptomane provincial, parue pour la première fois en 1969... Souvenir émouvant des labyrinthiques rayons du cavernicole bazar DURAND & FALORT [**] s'ouvrant prosaïquement sur le Grand Place de Flagny...

Depuis son enfance "gaffeuse", on suivra ainsi ‒ au jour le jour ‒ les aventures sentimentales et professionnelles d'Antoine Marvaux avec le même engagement d'âme qu'on suivit (jadis) les turpitudes de Julien Sorel dans "Le Rouge et le Noir" de l'ami STENDHAL, où bien malin qui pouvait deviner la bévue ou l'imprudence suivante...

Signalons aussi la majestueuse critique de ce (trentième) roman dhôtelien par Hubert Juin dans "Les Lettres Françaises" en 1970 ‒ dont on lira l'émouvant extrait reproduit en "citation" un peu plus bas.

Si effectivement "L'argument" ["L'histoire", le "De quoi ça cause ? "] chez Dhôtel ‒ comme chez bon nombre d'auteurs ‒ n'a PAS tout à fait "aucune importance" ‒ ce serait mentir ‒, le fait est que l'on retient surtout ceci : l'auteur écrit ‒ fort naïvement, semble-t-il ‒ comme un dieu ! Mais un dieu lare, sans doute : un dieu intime...

[Cf. extrait de l'article Wikipédia : " Les Lares, parfois aussi appelés "Genii loci", sont des divinités romaines d'origine étrusque (de l'étrusque Lars, seigneur). Ils sont des divinités particulières à chaque famille, le "Lar familiaris" est le dieu de la maisonnée qui protège toute la famille. On les fête le 11 des calendes de janvier (22 décembre). "]

Le génie du lieu. Ce Lieu d'où "tout" part et vers lequel "tout" ramène... Ce lieu qui génère lui-même "ses" personnages... "Omphalos" inlassable d'André DHÔTEL, ce "conteur oriental" universel... celui qui ‒ dès 1955 ‒ nous rendit les Ardennes plus inoubliables et immortelles que la percée de Sedan (1940, hélas...) ! "Pays d'où l'on ne reviendra jamais" (du moins , pas tout à fait comme avant...).

Et la richesse insigne de la langue dhôtélienne, que certains lecteurs qualifieront de "désuète" (terme plutôt révélateur d'une sorte d'appauvrissement général... ). Ben, mince de mince ! Ne serait-elle point devenue aujourd'hui un rien trop inventive, trop bêtement évocatrice d'images mentales assez imprévisibles, au fond trop bizarre et poétique ? Ou, pour toute dire, pas assez "vernonsubutexisée" ? (Enorme question de normes et de "valeurs-z'actuelles") :D

Bref, une somptueuse réédition de Phébus (collection "libretto", 2003) qui ‒ à prix dérisoire ‒ rejoint celles de "Ma chère âme" (1961), "Pays natal" (1966) et "Les disparus (1976) : ces incroyables et increvables chefs d'oeuvres poétiques, eux aussi pour l'instant 100 % ignorés [***] du "lectorat de masse"...

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[*] Mais rejoignez bien vite "LA TRIBU DHÔTEL" !
[Le lien du site : http://www.latribudhotel.canalblog.com/ ]
Il s'agit de "notre" beau Blog contributif,à la fois quasi-exaustif, TRES dense et TRES évolutif... Alors, à très bientôt ‒ peut-être ‒ ici ou là-bas, pour de belles découvertes et vos futures contributions pro-dhôteliennes !

[**] Doux sentiment de fausse familiarité, comme avec ces frères siamois passablement énervés (& malchanceux voisins du journal "Spirou") DUCRAN & LAPOIGNE d'André Franquin : double motif ornant les frasques de son légendaire "Gaston Lagaffe", héros de saga(-ffe)s ordinaires...

[***] Aheum... Qu'on nous pardonne (espérons-le !) "l'habituelle rengaine" mais... toujours ce vieux fichu sentiment d'injustice (durable) qui titille... :-)
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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