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Citations sur Un jour viendra (17)

Aurane avait été instituteur stagiaire. Il s'était vu remercié de ses services pour quelques irrégularités. Lorsqu'un élève récitait une poésie jugée fameuse, Aurane exigeait que cet élève montât sur la table. Chaque semaine ce maître indigne consacrait aussi une heure de classe à exposer à ses élèves les questions pour lesquelles on n'avait pas de réponse et on n'en aurait sans doute jamais. C'était l'heure de l'ignorance. Bref, Aurane se contentait maintenant d'un métier plus modeste et occupait ses loisirs à faire des photos. Il photographiait n'importe quoi, n'importe comment, et il espérait un jour obtenir des vues tout à fait inhabituelles.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 96)]
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Antoine alla jusqu'à la maison de l'écluse. Un vieil homme ramassait des radis au milieu du jardin. Il lui parla. Ce devait être Chaupille.
‒ Il ne passe pas beaucoup de péniches par ici.
‒ Une tous les quinze jours.
‒ ça ne vous fait pas beaucoup d'occupation.
‒ Je m'occupe aussi du barrage sur la rivière, mon fils.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 131)]
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[Extrait en CITATION d'une ample critique d'Hubert Juin du trentième roman d'André DHÔTEL : "Un jour viendra (1969) - "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970]

"LES MERVEILLEUSES IMAGES"

" L'Ardenne est un pays étrange, plus complexe qu'on ne croit, nombreux même, qui tantôt découpe des paysages de plaine, avec des prés chiches, des bosquets semés en désordre, où les routes se tortillent, entravées par des sentiers un peu hagards, il y a des mares couvertes de lentilles d'eau, puis des bras de rivière aux détours desquels se nichent les touffes de cresson, - et, tantôt, plus loin vers l'est, le visage se durcit : ce sont les sapinières qui abritent la ténèbre et le silence, des gisements d'ardoise, un ciel plus sombre. Mais ici et là, les jardins sont semblables, dans lesquels les maisons sont enfermées : ce sont des arceaux où les rosiers font des voûtes et d'où s'effondrent les cloches du lilas. [...] En sa soixante-dixième année, André Dhôtel vient de rajouter une strophe admirable à cette sorte de louange pastorale en qui son oeuvre s'est muée. "Un jour viendra", qui est une légende, fait plus complet le poème, ajoute à l'ensemble cette touche de vie moderne qui, par là même, démontre que les images, en tout temps, pour qui sait voir, sont merveilleuses."

[Hubert Juin, "Les merveilleuses images" - revue "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970]
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‒ Vous ne seriez pas obsédé malgré vous par un autre visage ? demanda Tanaud.
Ainsi on bavarde interminablement devant des apéritifs. Les apéritifs sont là dans leurs verres comme des choses d'une utilité discutable, et cela vous engage à des paroles inutiles.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 159)]
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L'oncle avait conclu :
‒ Un malade, non pas. Disons : un peu anormal.
‒ Anormal, avait répété M. Marvaux.
Cet mot qu'Antoine avait déjà entendu prononcer à son sujet sans y prêter trop d'attention, avait déjà pris une force surprenante. Il ne le comprit pas beaucoup mieux que d'habitude, et il se prit à méditer.
Accroupi sous la fenêtre, il songeait qu'il voulait aimer son père, sa mère, son oncle, Desserge, Laurépin et d'autres encore. Miss lui n'était pas très digne d'être aimé, ni même détesté. Une distance étrange entre lui et les autres, et aussi une lumière inconnue. Le ciel était alors sans un nuage, la place de Flagny était claire, sa vie était claire aussi [...]
L'oncle s'était tu, et le silence régna dans la salle à manger. Toujours accroupi, Antoine considérait les dalles du trottoir en pierres bleues de Givet, et à cet instant, il vit dévaler vers lui la bille de verre.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ pages 36-37)]
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La prairie... Cette nuit, dans la vague lumière, il savait distinguer les plantes les plus minces, éparses sur le sol de craie. Il les connaissait avec son coeur s'il ne savait leurs noms, vipérines, scabieuses, centaurées à épines et des graminées qu'on ne voyait nulle part ailleurs ; ça et là les grands chandeliers des chardons de toutes sortes. L'étonnant c'était l'étendue de cette terre toujours un peu lumineuse, même quand il pleuvait. La vaste prairie légèrement déprimée annonçait le lointain des plaines environnantes, comme si elle était elle-même lointaine déjà. La beauté... Il ne pourrait jamais expliquer pourquoi il s'était attaché à cette prairie, comme on explique lorsqu'on aime une fille, une famille ou simplement un jardin, une maison. Elle avait une importance d'autant plus grande qu'elle ne jouait aucun rôle dans sa vie et que sa vie n'avait pas de sens.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ pages 26-27)]
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Le lendemain, un samedi, il alla comme souvent rôder aux alentours de la prairie. Cet après-midi-là, il avait un peu neigé, et cette neige éparse formait des fleurs très blanches très délicates sur toute cette étendue. Il tendit la main lentement et aussitôt il craignit de faire tomber cette neige qui ornait la plante morte. Pour quelle raison, lui, qui avait des gestes si brusques et si habiles, devenait-il soudain hésitant ? Il y avait des choses qu'il ne fallait pas toucher ni détruire ? Quelles choses ? Cette vieille plante couverte de neige, avec sa beauté hasardeuse [...]

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003)]
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écrire, c’est s’approcher lentement
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Tout de même, il y avait eu dans le passé récent le signe d'un avenir vraiment impossible, comme le rappel d'un rêve aussi enfantin que la bille de verre et qu'il n'aurait pas encore su deviner. Et il fallait deviner à tout prix. Voilà pourquoi il regardait la prairie.
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Il avait la conviction que tout le menait à une condition indigne et il gardait une confiance invraisemblable dans cette indignité même. Le souvenir d'Edwige était pour ainsi dire inexistant. Cela ne le concernait en rien, quelle que fut la merveille de ce souvenir. C'était dans un autre monde comme l'était Laurépin, et aussi incompréhensible que ces fleurs roses qu'il y avait dans les chaumes. Ces fleurs roses étaient belles on ne savait pourquoi, et elles disparaîtraient bientôt elles aussi.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 -- page 213)]
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