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EAN : 9782859409081
288 pages
Phébus (22/03/2003)
4.14/5   14 notes
Résumé :
Antoine Marvaux, dès son plus jeune âge, aime à se livrer à des fantaisies qui le vouent au mépris des habitants de Flagny, un petit bourg. Il se passionne pour des objets de bazar et des images qui le bouleversent, et il devient kleptomane. toujours suspect et enchanté dans sa honte, il sera obligé plus tard de quitter Flagny pour le bourg voisin de Grivan où il trouve des compagnons peu honorables.
Repoussé par une camarade d'enfance qui lui a inspiré un gr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
André Dhôtel (1900-1991) est "un monde-en-soi" [*], comme on sait...

Comme l'ont été Isaac Bashevis Singer, Georges Simenon, Bruno Schulz, Franz Kafka, Julien Gracq, Halldor Laxness, Tarjei Vesaas, Iouri Kazakov, Dino Buzzati, Léon Tolstoï, Stefan Zweig, Henry James, Homère... et certainement quelques autres.

Relue récemment, cette tendre, étrange et familière histoire de kleptomane provincial, parue pour la première fois en 1969... Souvenir émouvant des labyrinthiques rayons du cavernicole bazar DURAND & FALORT [**] s'ouvrant prosaïquement sur le Grand Place de Flagny...

Depuis son enfance "gaffeuse", on suivra ainsi ‒ au jour le jour ‒ les aventures sentimentales et professionnelles d'Antoine Marvaux avec le même engagement d'âme qu'on suivit (jadis) les turpitudes de Julien Sorel dans "Le Rouge et le Noir" de l'ami STENDHAL, où bien malin qui pouvait deviner la bévue ou l'imprudence suivante...

Signalons aussi la majestueuse critique de ce (trentième) roman dhôtelien par Hubert Juin dans "Les Lettres Françaises" en 1970 ‒ dont on lira l'émouvant extrait reproduit en "citation" un peu plus bas.

Si effectivement "L'argument" ["L'histoire", le "De quoi ça cause ? "] chez Dhôtel ‒ comme chez bon nombre d'auteurs ‒ n'a PAS tout à fait "aucune importance" ‒ ce serait mentir ‒, le fait est que l'on retient surtout ceci : l'auteur écrit ‒ fort naïvement, semble-t-il ‒ comme un dieu ! Mais un dieu lare, sans doute : un dieu intime...

[Cf. extrait de l'article Wikipédia : " Les Lares, parfois aussi appelés "Genii loci", sont des divinités romaines d'origine étrusque (de l'étrusque Lars, seigneur). Ils sont des divinités particulières à chaque famille, le "Lar familiaris" est le dieu de la maisonnée qui protège toute la famille. On les fête le 11 des calendes de janvier (22 décembre). "]

Le génie du lieu. Ce Lieu d'où "tout" part et vers lequel "tout" ramène... Ce lieu qui génère lui-même "ses" personnages... "Omphalos" inlassable d'André DHÔTEL, ce "conteur oriental" universel... celui qui ‒ dès 1955 ‒ nous rendit les Ardennes plus inoubliables et immortelles que la percée de Sedan (1940, hélas...) ! "Pays d'où l'on ne reviendra jamais" (du moins , pas tout à fait comme avant...).

Et la richesse insigne de la langue dhôtélienne, que certains lecteurs qualifieront de "désuète" (terme plutôt révélateur d'une sorte d'appauvrissement général... ). Ben, mince de mince ! Ne serait-elle point devenue aujourd'hui un rien trop inventive, trop bêtement évocatrice d'images mentales assez imprévisibles, au fond trop bizarre et poétique ? Ou, pour toute dire, pas assez "vernonsubutexisée" ? (Enorme question de normes et de "valeurs-z'actuelles") :D

Bref, une somptueuse réédition de Phébus (collection "libretto", 2003) qui ‒ à prix dérisoire ‒ rejoint celles de "Ma chère âme" (1961), "Pays natal" (1966) et "Les disparus (1976) : ces incroyables et increvables chefs d'oeuvres poétiques, eux aussi pour l'instant 100 % ignorés [***] du "lectorat de masse"...

_________________________________________________________________________

[*] Mais rejoignez bien vite "LA TRIBU DHÔTEL" !
[Le lien du site : http://www.latribudhotel.canalblog.com/ ]
Il s'agit de "notre" beau Blog contributif,à la fois quasi-exaustif, TRES dense et TRES évolutif... Alors, à très bientôt ‒ peut-être ‒ ici ou là-bas, pour de belles découvertes et vos futures contributions pro-dhôteliennes !

[**] Doux sentiment de fausse familiarité, comme avec ces frères siamois passablement énervés (& malchanceux voisins du journal "Spirou") DUCRAN & LAPOIGNE d'André Franquin : double motif ornant les frasques de son légendaire "Gaston Lagaffe", héros de saga(-ffe)s ordinaires...

[***] Aheum... Qu'on nous pardonne (espérons-le !) "l'habituelle rengaine" mais... toujours ce vieux fichu sentiment d'injustice (durable) qui titille... :-)
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Je n'ai pas atteint le niveau de concentration requis pour apprécier pleinement ce livre. Toutefois, j'en retiens un feeling de bizarrerie, d'étrangeté. Une histoire double ou triple d'attirances et de relations ou non-relations amoureuses, une histoire double ou triple d'amitiés ou de non-amitiés, le tout dans un décor (bien planté) plutôt rural, villageoise, où tout le monde (croit) se connaît(re). Impression de plusieurs boucles qui ne se bouclent pas entièrement. Laissant tout en suspens.
Qui sait, peut-être, un jour viendra où je relirai ce livre...
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Un jour viendra - André Dhôtel

Il y a Antoine, mais il y a aussi la prairie et ses chardons , la carrière, la forêt de pins, le village. Un mystère ingénu étreint tous ces personnages et ses lieux.
Je découvre André Dhôtel : au début, cette première lecture peut décontenancer. Un beau texte certes, empreint de poésie et d'humour…On y rencontre de nombreux personnages, de multiples histoires qui se recoupent, et on peut par moment se demander, un peu agacé : « Mais où veut-il donc nous emmener ? ». Il suffit pourtant de se laisser porter pour se sentir bien. Il faut lire lentement, et au fil des jours, ces paysages et ces personnages deviennent familiers, et après des journées bien chargées, on a hâte de les retrouver (bien au chaud dans son lit !). On est transporté dans un autre espace-temps où la vie prend le temps, où rien n'est forcé. André Dhôtel est un conteur : il crée un univers sensible où les images, les odeurs, le vent prennent place, font le lien entre toutes les intrigues qui foisonnent. Il décrit les hommes et la nature avec tendresse, il nous entraîne dans l'interrogation de cette vie qui est si belle mais parfois si compliquée.
Merci aux lecteurs qui m'ont amenée à explorer ce nouveau champ littéraire (Dourvach, pour ne pas le citer…), et j'invite à mon tour tous ceux qui aiment la littérature à se laisser prendre par la magie des récits d'André Dhôtel.
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C'est le dixième roman de Dhôtel que j'ai lu. C'est vraiment un auteur qui déborde d'imagination, nous emmenant dans des aventures sans fin, qui s'enchaînent les unes les autres ; sans arrêt des rebondissements, au point que, non pas la tête nous tourne, mais qu'on ne se remémore plus ce qui est arrivé quelques pages auparavant ; c'est une débauche d'événements qui viennent comme une vague et nous étourdissent. Mais c'est aussi, et c'est là tout l'intérêt, comme un rapport au présent du monde réel.
Tout se passe toujours dans une nature flamboyante, surprenante, délicate et accueillante ; un détail, une ombre, un froissement et le monde est là. Constamment la poésie est au bout des doigts.
Et puis, cet humour, notamment dans les débuts de ce texte : un pince sans rire notre Dhôtel !!
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J'ai lu ce roman d'une traite, on y retrouve un héros quasi onirique jetant un regard pointu et désinvolte sur le monde comme dans "Lumineux rentre chez lui". Ici, Antoine Marvaux est un garçon étrange dont l'anormalité se manifeste par des actes de cleptomanie, dérobant cartes-postales, billes, presse-papier, pas par jeu mais pour s'approprier des objets comportant une beauté étrange.
On suit sa vie de l'enfance à l'âge d'homme au travers de la campagne champenoise qu'il arpente. On voit tout par ses yeux, ce point de vue interne nous permet d'envisager vraiment dans son entier Antoine. le titre, au futur, révèle aussi l'attente qui articule le roman, Antoine attend que Clarisse arrive et vienne à lui, il attend aussi de la nature une sorte de révélation. Il passe de longs moments à contempler cette nature, il a cette douce nonchalance qui le fait regarder des choses, des détails qui peuvent nous paraître futiles. Il ne cherche pas à faire ce qu'il faut faire , mais sans être un révolté.
Un livre charmeur et charmant pour qui aime prendre le temps de regarder et d'écouter.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
[Extrait en CITATION d'une ample critique d'Hubert Juin du trentième roman d'André DHÔTEL : "Un jour viendra (1969) - "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970]

"LES MERVEILLEUSES IMAGES"

" L'Ardenne est un pays étrange, plus complexe qu'on ne croit, nombreux même, qui tantôt découpe des paysages de plaine, avec des prés chiches, des bosquets semés en désordre, où les routes se tortillent, entravées par des sentiers un peu hagards, il y a des mares couvertes de lentilles d'eau, puis des bras de rivière aux détours desquels se nichent les touffes de cresson, - et, tantôt, plus loin vers l'est, le visage se durcit : ce sont les sapinières qui abritent la ténèbre et le silence, des gisements d'ardoise, un ciel plus sombre. Mais ici et là, les jardins sont semblables, dans lesquels les maisons sont enfermées : ce sont des arceaux où les rosiers font des voûtes et d'où s'effondrent les cloches du lilas. [...] En sa soixante-dixième année, André Dhôtel vient de rajouter une strophe admirable à cette sorte de louange pastorale en qui son oeuvre s'est muée. "Un jour viendra", qui est une légende, fait plus complet le poème, ajoute à l'ensemble cette touche de vie moderne qui, par là même, démontre que les images, en tout temps, pour qui sait voir, sont merveilleuses."

[Hubert Juin, "Les merveilleuses images" - revue "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970]
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Aurane avait été instituteur stagiaire. Il s'était vu remercié de ses services pour quelques irrégularités. Lorsqu'un élève récitait une poésie jugée fameuse, Aurane exigeait que cet élève montât sur la table. Chaque semaine ce maître indigne consacrait aussi une heure de classe à exposer à ses élèves les questions pour lesquelles on n'avait pas de réponse et on n'en aurait sans doute jamais. C'était l'heure de l'ignorance. Bref, Aurane se contentait maintenant d'un métier plus modeste et occupait ses loisirs à faire des photos. Il photographiait n'importe quoi, n'importe comment, et il espérait un jour obtenir des vues tout à fait inhabituelles.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 96)]
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L'oncle avait conclu :
‒ Un malade, non pas. Disons : un peu anormal.
‒ Anormal, avait répété M. Marvaux.
Cet mot qu'Antoine avait déjà entendu prononcer à son sujet sans y prêter trop d'attention, avait déjà pris une force surprenante. Il ne le comprit pas beaucoup mieux que d'habitude, et il se prit à méditer.
Accroupi sous la fenêtre, il songeait qu'il voulait aimer son père, sa mère, son oncle, Desserge, Laurépin et d'autres encore. Miss lui n'était pas très digne d'être aimé, ni même détesté. Une distance étrange entre lui et les autres, et aussi une lumière inconnue. Le ciel était alors sans un nuage, la place de Flagny était claire, sa vie était claire aussi [...]
L'oncle s'était tu, et le silence régna dans la salle à manger. Toujours accroupi, Antoine considérait les dalles du trottoir en pierres bleues de Givet, et à cet instant, il vit dévaler vers lui la bille de verre.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ pages 36-37)]
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La prairie... Cette nuit, dans la vague lumière, il savait distinguer les plantes les plus minces, éparses sur le sol de craie. Il les connaissait avec son coeur s'il ne savait leurs noms, vipérines, scabieuses, centaurées à épines et des graminées qu'on ne voyait nulle part ailleurs ; ça et là les grands chandeliers des chardons de toutes sortes. L'étonnant c'était l'étendue de cette terre toujours un peu lumineuse, même quand il pleuvait. La vaste prairie légèrement déprimée annonçait le lointain des plaines environnantes, comme si elle était elle-même lointaine déjà. La beauté... Il ne pourrait jamais expliquer pourquoi il s'était attaché à cette prairie, comme on explique lorsqu'on aime une fille, une famille ou simplement un jardin, une maison. Elle avait une importance d'autant plus grande qu'elle ne jouait aucun rôle dans sa vie et que sa vie n'avait pas de sens.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ pages 26-27)]
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Antoine alla jusqu'à la maison de l'écluse. Un vieil homme ramassait des radis au milieu du jardin. Il lui parla. Ce devait être Chaupille.
‒ Il ne passe pas beaucoup de péniches par ici.
‒ Une tous les quinze jours.
‒ ça ne vous fait pas beaucoup d'occupation.
‒ Je m'occupe aussi du barrage sur la rivière, mon fils.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 131)]
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Videos de André Dhôtel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Dhôtel
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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