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Critique de Merik


Merik
04 février 2018
J'irai crier Dhôtel sur tous les toits de la ville mais le mien d'abord pour apprivoiser ma peur du vide,
j'en frôlerai deux miaous aux chats qui aiment à se cacher derrière des livres jaunis,
je le hurlerai à la face du monde à commencer par mes voisins polonais qui parlent pas français,
je le clamerai à mes CP qui commencent à peine à lire et m'écoutent à peine aussi,
je le martèlerai à papa aussi lui qui n'a jamais ouvert un roman de sa vie,
je le murmurerai au vent pour que les oiseaux colportent ces 11 nouvelles au ciel,
je taguerai son nom sur la façade de toutes les auberges parce qu'il n'y en a qu'un (Dhôtel),
je le ferai savoir oui, finie la réserve, ça vous change un homme une telle révélation littéraire, il faut le scander quand on découvre une perle injustement ignorée, qu'on a noté sur le calendrier un après.
Ça, c'était ce que je pensais avant de l'avoir lu. À trop traîner sur internet pour se renseigner sur un auteur qu'on ne connait pas en attendant l'arrivée du livre (merci Babélio et masse critique), on peut se mettre à délirer, surtout s'il est autant adulé, l'auteur. Je me contenterai finalement d'une banale critique ici-même. En plus ça m'arrange bien, vu que les toits et moi...

le facteur a donc fini par passer, retour sur terre. Un livre de très belle facture éditoriale se retrouve dans ma boite (merci beaucoup à « La clé à molette » aussi), un ouvrage de 11 étages où j'ai donc rendez-vous avec Mr André Dhôtel et ses nouvelles. Ascenseur, siouplait (j'aime bien monter sans faire trop d'effort).
Premier étage, bien le bonjour Mr Meurtiaux le professeur de lettres, qui court après la première fois où il croisa Jeanne à Véziers, instant d'émoi à la fois surnaturel et banal. Je reste avec des habitants de Véziers au deuxième, deux cousins rivaux en héritage qui s'embarquent vers un piège, sur un cours d'eau en voie de dégel. Encore l'amour, quand au troisième temps de la valse de jeunes fiancés s'éloignent pour mieux se retrouver dans l'élément naturel.
Au revoir les tourtereaux et au revoir l'ascenseur aussi, problème de rythme peut-être mais je sens que je suis pas prêt de croiser Mr Dhôtel si je continue comme ça. J'y vais par les escaliers, c'est sûrement par là qu'il doit passer.
Et là miracle au quatrième, ça y est je reconnais enfin sa silhouette sur le palier, l'homme dont Henri Thomas a dit qu'il fallait se méfier, « … méfiez-vous de sa redoutable simplicité ». Me suis peut-être pas assez méfié jusque là, moi. L'entrée en matière de ce « conte d'hiver » se fige dans mes rétines, implacable : « ....L'affaire étrange c'est que la neige, bien loin de confondre les lieux, affirme le caractère unique de chacun d'eux. Plus loin la place du village avec la poste et l'église, les bâtiments de la petite gare et la courbe de la voie ferrée entre les haies devaient plus que jamais garder en profondeur le dessin d'une irremplaçable existence ». Mais elle est fugace la silhouette, elle se dérobe entre Émilie et Bertrand et leur histoire de rencontre qui bégaie, pour réapparaître furtive au détour d'un couloir ou derrière une porte entrebâillée.
J'accélère quatre à quatre la montée pour la retrouver cette silhouette, je bouscule les habitants, barrez-vous, rien à foutre de vos histoires, j'ai rendez-vous avec Mr Dhôtel moi. Me retrouve au 6ème sans l'avoir vraiment revu. Stop. Repos, j'ai le palpitant trop exalté. Il doit falloir être au calme pour rencontrer Mr Dhôtel, première règle.
Je reprends l'ascenseur et mon rythme cardiaque. Je descends, je remonte au hasard. A tous les étages ou presque, encore des affaires de coeur aux scenarii assez proches, un poil surannées. Bonjour Mme Bonjour Mr, oui je sais vous avez une histoire à partager, allez-y je suis tout ouïe. Et parfois la silhouette de Mr Dhôtel se redessine furtivement dans le décor. Mais j'ai quand même fini par le trouver au 7ème, bien installé chez les Brintart, « sur la route de Montréal ». Encore une histoire de rencontre bégayée, cette fois 20 ans après, entre Mathilde et Thierry, pourtant promis à Justine.
Je crois deviner la teneur de tout ça, la rencontre effective avec Mr Dhôtel ne peut avoir lieu que sous certaines conditions. Au delà de son style pur, le format court de ces nouvelles aux histoires peu captivantes à mon goût n'étaient peut-être pas l'idéal pour une entrée dans son domaine. Reste à savoir quelles conditions le sont vraiment, et pour cela la découverte de quelques uns de sa centaine d'ouvrages m'y aideront peut-être un jour.

N'empêche, j'avais peut-être pas complètement tort à envisager de grimper sur tous les toits. Allez, j'irai quand même en murmurer deux mots au vent, on sait jamais trop, avec les oiseaux.
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