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Critique de martinperez



Non je n'ai pas de problème d'incontinence et ce n'est pas la magnifique couverture jaune soleil (ou d'urine) du dernier Blacksad Tome 5 qui me fera dire le contraire. Forcément, avec une couleur aussi criarde et mon esprit tellement terre-à-terre, je n'ai pas pu manquer de lâcher quelques calembours de bon ton à l'égard de cette histoire de matou. Alors, amis du bon goût et des bonnes odeurs, je vous propose d'enfiler votre tuba et de plonger dans ce spasme de mélancolie qu'est le 5ème épisode de Blacksad intitulé « Amarillo », édité chez Dargaud, et toujours avec Canales et Guarnido aux manettes.

Nouvelle-Orléans, dans les années 50

John Blacksad, notre détective privé, n'est vraiment pas pressé de rentrer au bercail surtout vu les derniers évènements qu'il a vécus (cf. Les derniers épisodes siouplé), alors forcément il traine les pieds et s'apprêterait bien à prendre des vacances bien méritées lorsque sa morale lui rappela que ce n'est pas forcément l'exemple à donner à notre belle jeunesse… Et puis il est genre bien fauché. Il trouve néanmoins un petit boulot et va devoir transporter une magnifique Cadillac modèle Eldorado jaune (oui bon, pour les couleurs on repassera) jusqu'à la ville de Tulsa ; mais il faut croire que notre élégant détective attire les ennuis car rien ne se passe comme prévu… La voiture est volée par deux écrivains qui se dirigent vers la ville d'Amarillo, dont l'un est Chad, un auteur à succès torturé, qui prépare avec anxiété son 2ème roman. Tout se complique lorsque Chad, dans un excès de folie et de provocation, tue son meilleur ami et prend la fuite. Blacksad, impliqué malgré lui dans cet homicide, n'aura d'autre choix que de résoudre l'affaire et prouver son innocence.

Voilà notre détective félin emporté dans un road movie où une multitude de personnages plus pittoresques les uns que les autres lui compliqueront la vie en passant par le monde du cirque, les artistes tourmentés, des bikers , des avocats et même certains policiers bien tenaces.

Comme pour chaque épisode, la couverture avec sa propre couleur représentant l'ambiance ou le thème principal. Par exemple, dans le premier épisode, le noir prédominait en faisant référence au pelage de notre héros, le blanc pour le KKK, le rouge pour le communisme avec sa chasse aux sorcières, etc.

Pour ce dernier épisode, Amarillo (jaune en espagnol) n'est pas seulement le nom de la ville où cette tragédie se produit, c'est aussi la couleur du soleil, des champs, de la lâcheté et couardise, signe distinctif d'un des personnages principaux. Car oui, à la différence des épisodes précédents, les auteurs optent ici pour une trame linéaire dans le temps et délaissent un peu notre Blacksad en mode automatique afin de se focaliser sur les personnages secondaires qui donnent la vrai vie à l'album (l'avocat, représenté par une hyène à l'humour bien sarcastique).

Présenté comme un road movie ou plutôt un road travel, on va vite retrouver des personnages des épisodes précédents et surtout de nouveaux personnages qui, j'en suis certain, seront de la partie dans ces suites (la soeur de Blacksad par exemple).

Visuellement, le travail de Juanjo Guarnido est à la hauteur et est toujours aussi agréable, tant au niveau des animaux choisis pour personnifier le caractère des personnages que par l'ambiance américaine des fifties qui y est distillée via de petits détails d'ambiance et le tout soutenu par un dessin expressif, zoomorphe et très vivant. Ceci est d'autant plus beau que le choix des couleurs est des plus appropriés et se marie à merveille avec le trait « pastel » du dessinateur.

L'histoire elle-même, écrite par Canales, est comme d'habitude très bien construite et se déversera dans vos rétines sans sourciller. Très bien dialogué, le tout fusionne avec le travail du dessinateur avec un scénario écrit un peu comme dans un film de la fin des années 50, ayant plusieurs trames se réunissant pour un dénouement, finalement, assez inévitable.

Et c'est là un peu la surprise par rapport aux autres épisodes… On n'est justement pas « trop » surpris de la fin. le côté polar noir, marque de fabrique de la saga, est un peu léger dans ce dernier et cela se ressent surtout pour les aficionados de la saga. Il faut dire qu'à chaque épisode, la barre était mise de plus en plus haut.

En attendant, ne boudons pas notre plaisir ; voilà un album à l'histoire directement inspirée des polars américains à la sonorité jazzy, et mâtiné d'un air charleston qui permettra à tous de découvrir notre ténébreux chaton. Une idée cadeau pour Noël ou une lecture au coin du feu ? Moi je n'ai rien dit :)

Souhaitons juste que notre chat puisse retomber sur ses pattes.
Lien : http://lacasebd.overblog.com..
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