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Critique de Sachenka


J'avais entendu beaucoup de commentaires positifs à l'endroit de la grande maison et, si je n'ai pas détesté, je ne peux pas dire non plus que j'ai aimé. Pourtant, le début m'a plu. Omar, un garçon de onze ans, fait preuve de débrouillardise pour trouver du pain, n'importe quelle nourriture. Et il protège les plus petits. Et il assiste à ses leçons à l'école sans vraiment tout comprendre. Je dois au moins admettre que ce personnage est attachant. Très rapidement, on assiste à des scènes de famille. La mère Aïni, qui se plaint constamment du travail, de la belle-mère paralytique dont elle doit s'occuper, de ses trois enfants qui lui réclament à manger et du père qui est mort sans s'être assuré de leur sécurité financière. Puis il y a les autres familles du carré de maison, du quartier, Dar-Sbitar. Une faune intéressante. Ce roman, c'est une galerie de personnages.

Je crois que mes réserves sont dues au fait qu'il n'y a pas vraiment d'histoire dans le sens où on l'entend habituellement. Omar, pas plus que les autres résidents de Dar-Sbitar, n'accomplit pas beaucoup à proprement parler. Il est surtout le témoin d'une situation, d'un mode de vie. Il peut témoigner des conditions pénibles dans lesquelles il vit avec sa famille et les gens de son quartier. Et il en va probablement ainsi pour beaucoup d'autres habitants de Tlemcen et de l'Algérie des années 1930. Mohammed Dib nous présente la grande misère, la pauvreté, la promiscuité, mais également le courage. Car, à aucun moment, même dans le désespoir le plus profond, les personnages n'abandonnent. Ils retroussent leurs manches et triment encore plus fort.

Quand la police a fait irruption dans Dar-Sbitar pour chercher Hamid (en vain, car il s'était sauvé) et ramasser ses papiers, j'ai cru que l'action allait décoller. Pareillement avec la Seconde Guerre mondiale qui éclate, même si l'Europe est loin. Mais non. La grande maison, c'est une collection de tranches de vie. C'est agréable à lire mais, moi, je préfère une trame narrative, avec un début, un milieu et une fin. Bref, qu'il y ait un but, une mission. Ici, j'ai l'impression que l'auteur m'amène quelque part et m'y abandonne. Notez bien, mes préférences n'enlèvent rien à l'importance de cette oeuvre ni à ses qualités.

Ainsi, je dois toutefois reconnaître le grand talent de Mohammed Dib pour décrire avec réalisme la situation dans les quartiers pauvres. Et la faim. Cette faim terrible qui occupe tous les esprits. Trouver son pain quotidien est le thème central du roman, qui s'ouvre sur cette préoccupation : « - Un peu de ce que tu manges ! » Et il termine avec elle : « Omar s'accroupit lui aussi avec les autres, devant la meïda, et surveilla sa mère qui rompait le pain contre son genou. » Cette obsession (pourtant un besoin primaire !) guide Omar et sa famille tout son long mais cela peut donner l'impression que l'on va nulle part, que l'histoire tourne en rond. Et ce n'est qu'un début, car l'aventure du garçon continue avec les deux tomes suivants de cettre trilogie nommée Algérie.
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