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Critique de BazaR


J'ai longtemps considéré que Dick, avec sa façon paranoïaque d'interroger la réalité de la réalité, n'était pas un auteur fait pour le cartésien que je suis. J'étais peut-être simplement trop jeune dans ma tête. Toujours est-il qu'un petit grain de culpabilité qui me soufflait dans l'oreille que je passais à côté de quelque chose, aidé de la réédition par J'ai Lu des romans dont ils possèdent les droits dans un ensemble au visuel immédiatement identifiable, m'ont décidé à y revenir.

« Brèche dans l'Espace » regroupe dans un ensemble cohérent de nombreux thèmes chers à la Science-Fiction. Vers la fin du 21ème siècle, le combat politique pour la présidence des États-Unis d'Amérique oppose le président sortant à – pour la première fois – un Noir (amusant vu depuis un instant post-Obama) nommé Jim Briskin. le thème principal de la campagne est le problème de la surpopulation, devenu si grave que les gens se font cryogéniser en l'attente de jours meilleurs, que l'avortement est un standard et que le marché du sexe s'est développé en compensation avec une maison close en orbite dans un satellite. La terraformation des planètes proches n'a pas eu le succès qu'on en attendait, et personne ne sait vraiment comment s'en sortir.
Jusqu'au jour où, par accident, quelqu'un trouve une brèche vers ce qui semble être un monde idyllique et vierge. Ni une ni deux, Jim annonce la nouvelle aux médias et son adversaire président en exercice, afin de ne pas se faire dépasser, décide de réveiller les cryos et de les faire émigrer dans ce monde.
Évidemment ces décisions irréfléchies auront des conséquences… étonnantes.

Écrit en 1966, ce roman fleure bon l'atmosphère d'un épisode de la série Shaft, et ce même s'il décrit un 21ème siècle finissant. Certains éléments sont futuristes mais d'autres n'ont pas varié d'un électron – on parle encore de « ouest-allemand » par exemple - et alimentent cette senteur que qualifierais de « oilpunk ». L'histoire est riche et dense car le roman est court, en tout cas vu de notre perspective où la taille des romans SFF est malheureusement victime d'une inflation incontrôlée. Malgré le nombre de thème abordés, dont certains constituent des sujets de société très clivant dans les années 1960, il ne s'éparpille pas et reste concentré sur son intrigue principale. Tout s'emboîte plutôt bien. Les personnages sont très humains, en proie au doute, au racisme, à la folie meurtrière ou aux problèmes conjugaux. Je regrette seulement la célérité avec laquelle des hommes politiques responsables prennent des décisions drastiques sur un coup de tête, sans envisager un seul instant ce qui pourrait mal tourner. Cela me paraît peu réaliste mais on peut en faire abstraction.

La lecture de ce roman m'a convaincu de mon erreur : Dick vaut le coup et il faudra que je lui rende visite à nouveau très vite.
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