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Critique de Pavlik


Je n'ai pas adhéré au concept

Tony Parker prend le parti d'adapter littéralement le texte de Dick. Un très bon texte au demeurant. 1992, la Terre, dévastée par une guerre nucléaire, n'est plus habitée que par les rares humains qui ont choisi de ne pas émigrer sur Mars ou qui en sont empêchés car considérés comme inférieurs. Dans ce monde dévasté, on tâche d'oublier le vide de son existence et l'on cherche à tout prix un lien d'empathie. Aussi, la TV est allumée en permanence, et la population regarde l'émission de variété de l'ami Buster, présentateur toujours impeccable, frais et jovial, ayant toujours quelque chose à dire. Par ailleurs, le mercerisme est une religion où l'individu cherche à ressentir la "Passion" d'un nouveau Christ, appelé Mercer, par le biais d'un appareil appelé boîte à empathie. Lorsqu'on y est connecté, l'on ressent violemment, jusqu'à en être physiquement affecté, le chemin de croix de Mercer, brutalisé et lapidé. de plus, cet appareil permet de choisir et réguler son humeur, une sorte de super anti-dépresseur en somme.
Par ailleurs, la plupart des espèces animales ont disparu dans le cataclysme si bien que leur simple possession est devenue, non seulement un signe de richesse, mais aussi un signe d'empathie, érigée en qualité absolue et une réelle source de bien-être pour des Terriens vivant isolés.
Rick Deckard est l'un de ces hommes qui continuent à vivre sur Terre. Chasseur d'androïdes à San Francisco, il rêve de remplacer son mouton électrique par un vrai. Aussi, lorsque son supérieur lui apprend que des androïdes Nexus 6 se sont illégalement enfuis de Mars vers la Terre, il espère aussitôt que la récompense offerte pour leur capture va lui permettre de réaliser son rêve...

Cette adaptation a le mérite de révéler toute la qualité du roman de Philip K Dick, qui s'y entend pour distiller des ambiances noires, ici à mi-chemin entre le polar et la sf. L'idée d'ériger les animaux vivants en signes extérieurs de richesse, et donc de créer toute une "filière" autour d'eux (le commerce d'animaux vivants, mais aussi de faux plus vrai que nature, de réparateurs qui se présentent comme des vétérinaires etc...) est tout simplement géniale. Comme souvent dans l'oeuvre de l'auteur transparaît la question fondamentale, qui le hante et révèle le trait paranoïaque de sa personnalité : comme distinguer le réel de l'illusion. Qu'est ce qui fonde l'humanité d'un être ? Il est intéressant de noter que, si les androïdes, de plus en plus perfectionnés à chaque génération, se rapprochent de l'humanité, certains hommes (et femmes), handicapés par les stigmates des radiations sont, en quelque sorte, déclassés au rang d'êtres inférieurs (ce qui ne leur permet pas d'immigrer sur Mars). Comme quoi les frontières sont floues et le facteur biologique, dans ce monde cauchemardesque, incertain à définir l'humanité. Au passage, l'eugénisme est fortement critiqué par l'auteur.

Ce qui m'a gêné véritablement c'est que le choix de Tony Parker d'adapter littéralement le texte de Dick entraîne une multiplication des cartouches et phylactères, ce qui relègue clairement le dessin au second plan, voir le "mange" carrément. Heureusement (remarquez l'ironie du propos) que ce dernier est tout juste correct, on a le sentiment de ne pas perdre grand chose (pour être précis c'est surtout les couleurs qui sont moches). Finalement, j'en ressors avec la désagréable (mais purement subjective) sensation d'un auteur qui ne respecte pas la bande dessinée, en tant qu'art, contrairement à l'oeuvre de Dick, dont il semble être un grand amateur.
Bref je n'enchaînerai pas avec les deux tomes suivants mais ne manquerai pas de lire le texte original (et si c'était là l'intention de Parker, alors c'est une franche réussite).
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