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Critique de keisha


L'histoire (si tant est qu'on puisse résumer un roman de Dickens...)(soupirs découragés)

Trois mots, l'argent, la Tamise et la nuit...


Après avoir rompu tout lien avec ses deux enfants, le riche John Harmon, meurt avec son tas de richesses, léguant sa fortune à son fils John à condition qu'il épouse Bella Wilfer, sinon l'argent ira à son fidèle employé Boffin.

John (le fils) revient donc en Angleterre, mais son cadavre est repêché dans la Tamise par Goffer Hexam et sa fille Lizzie, qui exercent un drôle de travail quand même, mais il faut bien vivre. Un mystérieux individu cherche à voir le corps, disparaît, puis réapparaît comme locataire chez les Wilfer, puis secrétaire chez les Boffin (qui ont hérité du vieil Harmon puisque le jeune est déclaré mort), sous le nom de John Rokesmith, et devient donc un ami commun aux deux familles. Evidemment on se doute de l'identité réelle de Rokesmith, dévoilée assez rapidement par Dickens.



Entre temps, Rokesmith est tombé amoureux de Bella, "so insolent, so trivial, so capricious, so mercenary, so careless, so hard to touch, so hard to turn" "and yet so pretty, so pretty!" Bella qui est issue d'un milieu modeste refuse un avenir tout aussi étriqué financièrement. Pourtant elle commence à souffrir de l'influence négative de la richesse sur Monsieur Boffin.



Par ailleurs Lizzie est courtisée par le maître d'école de son frère, Bradley Headstone et un homme de loi, Eugène Wrayburn. Fou de jalousie, Bradley Headstone s'attache aux pas de son rival. Lizzie s'enfuit et se cache pour obtenir quelque tranquillité.



L'argent encore avec les Veneering, riches parvenus dont les réceptions serviront de fil rouge au récit sans qu'ils aient vraiment une influence sur l'histoire, Fledgeby qui se livre au prêt sous couvert de l'officine de Riah, le juif: après Fagin, Dickens voulait un personnage juif plus sympathique.



La Tamise continue à couler, indifférente." And as the great black river with its dreary shores was soon lost to her view in the gloom, so, she stood on the river's brink unable to see into the blank vast misery of a life suspected, andfallen away from by good and bad, but knowing that it lay there dim before her, stretching away to the great Ocean, Death." le roman s'ouvre sur la découverte d'un cadavre dans ses eaux, mais la suite verra des discussions sur ses berges et des noyades.



Il est remarquable que les personnages accomplissent des trajets fort longs à pied, à travers Londres (Ce qui était le cas de Dickens, d'après sa biographie). Sans parler du premier chapitre, c'est la nuit que Headstone suivra Wrayburn, que Wegg, l'homme à la jambe de bois ("he was so wooden a man that he seemed to have taken his wooden leg naturally, and rather suggested to the fanciful observer, that it might be expected - if his development received no intimely check - to be completely set up with a pair of wooden legs in about six months") (du pur Dickens!), Wegg donc épie Boffin et ses trouvailles d'immenses tas de détritus où - peut-être- John Harmon le père pourrait avoir dissimulé d'autres testaments?



Evidemment, j'ai laissé de côté de multiples personnages qui relient tous ceux dont j'ai déjà parlés. Dickens a son habitude a l'art de les rendre absolument remarquables. La mère de Bella est une sorte de mégère qui répète à son doux mari "It is as you think; not as I do" ; Riderhood (une vraie crapule), est évoqué par "the sweat of an honest's man brow". Chacun est reconnaissable à sa façon de s'exprimer suivant sa classe sociale ou sa personnalité. Comment oublier aussi Miss Abbey qui tient un bar d'une main de fer, décidant quand tel ou tel client a assez bu et doit rentrer chez lui.



Il n'a pas échappé au lecteur attentif que les passages cités sont en anglais. En effet, ce roman absolument génial n'existe qu'en pléiade!!! J'en profite pour ajouter ma voix aux personnes trouvant scandaleux que tous (oui, tous) les romans de Dickens ne soient pas accessibles au lecteur français à un prix raisonnable (quoique un pléiade c'est 1400 pages de qualité pour le prix de deux trois romans de 300 ou 400 pages qui ne tiendront pas la route longtemps, mais bon, je m'égare).

Sans doute aurais-je pu traduire les passages? Qu'il soit établi que traduire Dickens, c'est un métier, et je n'oserai marcher sur les plate-bandes de Sylvère Monod, son traducteur habituel, dont je reconnais de plus en plus le talent. Que faire sans trahir l'auteur face à "her Boffinless friends" ou bien "The grating wind sawed rather than blew; and I sawed, the sawdust whirled about the sawpit. Every street was a sawpit, and there were no top-sawyers; every passenger was an under-sawyer, with the sawdust blinding him and choking him"?



En guise de conclusion :

Ce roman fait jeu égal avec Bleak House dans mon panthéon des roman dickensiens.

L'édition que j'ai achetée contient en plus les illustrations originales de Marcus Stone et le plan du roman établi par Dickens. Il faut savoir que cette histoire est parue en feuilleton, que l'auteur devait savoir où il allait puisqu'une fois un épisode paru, pas moyen de le corriger. J'imagine aisément les contemporains de Dickens guettant avec frénésie les nouvelles livraisons, car c'est un roman palpitant, aux multiples rebondissements, aux personnages (pas tous, OK) attachants, mêlant habilement tragique, émotion, humour, ironie, critique de la société. Bref, Dickens est le meilleur!
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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