AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jeranjou


« Ecrivez la vérité sur l'affaire Jeranjou. Délivrez-moi du mal qui me ronge depuis 4 mois » (1)

Plusieurs lecteurs me soupçonnent depuis quelque temps de rouler pour « Rivages » et me harcèlent de commentaires remettant en cause la probité de mes critiques. Heureusement, les accros aux médocs et à l'oseille comme Armstrong ou Cahuzac m'ont ouvert les yeux. le fardeau du mensonge était trop lourd à porter pour un seul homme comme moi…

Et oui, je possédai bien un compte en suisse non déclaré… mais négatif, je le jure. En effet, en échange de critiques sur les livres de la collection Rivages, je devais toucher via un courtier financier un pactole transféré sur un compte suisse si mes critiques atteignaient 200 appréciations.

Malheureusement, loin d'atteindre de tels niveaux, je me suis rendu compte que «Rivages» était peu lu comparé aux best-sellers ou aux «classiques». Autre fait marquant. Nos amis belges, omniprésents sur ce site, ont toutes les peines du monde à acquérir les meilleurs crus de chez « Rivages ». Il fallait se rendre à l'évidence. Me serais-je fais berner par un courtier peu scrupuleux comme une société de surgelés peut acheter du cheval à la place du boeuf?

Alors, hier, la banque suisse «Tout-Est-Caché-En-Toute-Légalité» a fermé mon compte car je lui devais des frais de gestion exorbitants dont j'étais bien incapable d'honorer le remboursement. Oui, j'ai menti honteusement depuis quatre mois et je vous demande pardon. Mais on ne m'y reprendra plus et je serai impartial dorénavant. Fini les Thompson, Behm, Cook, Williams, Hansen ou autres Lehane de Rivages ! Place désormais aux autres talents venus d'ailleurs…

Et oui, je vous le prouve aujourd'hui en oubliant mes romans noirs américains et en découvrant «La vérité sur l'affaire Harry Quebert»… aux éditions Fallois… du suisse Dickens. Au moins un type que l'on ne va accuser de posséder un compte suisse illégalement ! D'autant plus que Joël Dicker est un juriste suisse de 27 ans qui travaillait jusqu'en juillet 2012 au Parlement constitutionnel du canton de Genève…
Alors, l'affaire Harry Quebert ! de quoi s'agit-il au juste ?

En deux mots, une histoire d'écrivains et de meurtres. Comme le merveilleux film, au passage, « The Ghost-Writer » de Polanski que j'avais adoré. Fermons la parenthèse.

La logique du roman repose intégralement sur l'enquête que mène un jeune auteur Marcus Goldman sur son mentor, le célèbre écrivain Harry Quebert, qui est accusé d'avoir assassiné une jeune de fille de quinze Nola Kellergan il y a près de trente ans aux Etats-Unis.

Bien que l'enquête soit très intéressante en soi, l'ouvrage m'a vraiment paru très long et terriblement dilué, comme une bonne confiture que l'on aurait étalée à l'infini. Comment peut-on répéter deux ou trois fois le même passage à trois cent pages d'écart ? On comprend bien sûr le but de la manoeuvre mais l'écriture est tellement téléphonée que le subterfuge en devient grotesque à la longue.

Hormis cet aspect, j'ai trouvé l'écriture trop lisse et sans humour (seuls les échanges avec la mère de Marcus sont intéressants). Trop de dialogues sont stéréotypés et pas suffisamment crédibles.

Les allers-retours permanents entre 2008 et l'année 1975 restent une réussite du roman mais sont exploités à l'excès. Plusieurs fois, je me suis un peu perdu entre ces têtes de chapitres qui n'apportent pas grand-chose, le présent et le passé. Heureusement, les cinquante dernières pages nous emportent littéralement pour nous tenir en haleine jusqu'à la fin.

Si l'on compare ce roman au premier tome de la trilogie de Millénium, notamment sur l'enquête à propos des meurtres d'enfants, le livre de Larson était d'un tout autre calibre car le personnage de Lisbeth Salander pimentait littéralement le récit et apportait cette force de caractère que nous ne retrouvons pas dans « La vérité sur l'affaire Harry Quebert ».

Enfin, si vous êtes à la recherche de romans en quête d'amour impossible comme entre Harry et Nola, je vous recommande les deux magnifiques romans de Williams, noir pour « La fille des collines » et polar, pour « La filles des marais ». Plus concis mais beaucoup plus intense. Toute la différence entre chocolat blanc et chocolat noir…

Pour rassurer les fans de Rivages et de la littérature US, je vais rechausser mes bottes de sept lieux pour regagner l'Amérique de Thompson et son «Sang mêlé». Une Amérique moins lisse et plus noire que celle de Dickens. Bref, l'Amérique, la vraie…

(1) Citation extraite du livre adaptée pour la critique : « Ecrivez la vérité sur l'affaire Harry Quebert. Délivrez-moi du mal qui me ronge depuis trente ans ». Je dois avouer que ce texte figurant à la fin du roman colle, au delà de toutes mes espérances, au style de ma critique fortement adaptée à l'actualité politique et sportive.

PS : Pour tout de même donner une note objective à ce roman, j'ai apprécié le fil de l'histoire et son enquête (5) mais j'ai trouvé le style et la forme (2) très en dessous des grands polars, notamment américains. Qui plus est, oser écrire à la fin de roman, « Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé » est très présomptueux et ne fait que confirmer ma note de trois étoiles au final. En comparaison, «Crime» ou «Des souris et des hommes» que j'ai lus en 2013 m'ont hanté des jours et des nuits, et me marqueront toute ma vie assurément.
Commenter  J’apprécie          15128



Ont apprécié cette critique (107)voir plus




{* *}