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Critique de ODP31


Le succès du quelconque.
Pour moi, l'énigme ne se situe pas dans la chambre 622 mais dans l'incroyable succès des romans de Joel Dicker.
En rapatriant l'intrigue de son nouveau roman dans sa Suisse natale, le Roger Federer des lettres helvètes, le style en moins, a aussi embarqué son habituel excédent de bagages : 550 pages avec des trous dans la raquette.
Un écrivain à succès qui s'appelle bizarrement Joël (mais où va t'il chercher tout cela ?), va soigner, le pauvre chéri, un gros chagrin dans un Palace des Alpes Suisses. La vie est vraiment trop dure pour ce gendre idéal. C'est du Zola avec une Rolex au poignet. Il découvre avec sa voisine de chambre un peu collante qu'un meurtre non résolu s'est produit quelques années plus tôt dans ce zoo à millionnaires. L'hôtel a rebaptisé la chambre 622 en 621 bis dans un élan de créativité qui rendrait jaloux n'importe quel lauréat du concours Lepine, pour effacer cet évènement de la mémoire collective. le fameux Joel et l'inspirante Scarlett, vont mener l'enquête qui, Suisse oblige, Cold case d'attaché case, aura pour décorum une histoire de succession à la tête d'une grande banque d'affaires. On n'est pas dans le braquage d'un carnet de timbres à la Poste du village.
Pour quelques lignes, je vais essayer d'être moins taquin et reconnaître de réelles qualités à ce roman. La construction est celle d'un architecte fan de légos et les sauts dans le temps soulignent une mécanique narrative sans accroc. Avouons aussi que s'il n'est pas révolutionnaire d'ignorer le pédigrée d'un tueur avant le dénouement de l'intrigue, il est plus rare de devoir deviner aussi l'identité de la victime. L'auteur connait bien son affaire, le lecteur est manipulé par un osthéo du suspense qui malaxe son récit de faux semblants et il y a tant de rebondissements dans l'histoire que nous ne sommes pas loin d'une compétition de trempoline. J'ai trouvé ce côté feuilletonesque plutôt divertissant. le rythme s'accélère au fil des chapitres de façon opportune pour capter l'attention et la fin du récit, imprévisible, ressemble au dénouement d'un vieil épisode de la série Arsène Lupin avec Georges Descrières où les masques tombent au propre comme au figuré. le cahier des charges d'un bon petit polar est donc rempli selon moi. Mais sans plus... et avec des moins.
Les noms des personnages sont aussi bizarres que romanesques (Sinior Tarnogol, Macaire Ebezner , Lev Levovitch…) mais en terme de profils psychologiques, c'est du 0 sur l'échelle de Sigmund. Encéphalogramme trumpien. C'est ce manque de profondeur d'esprit qui m'incline à ranger hélas les romans de Joel Dicker dans le tout venant de ma bibliothèque.
Cet auteur excelle selon moi dans la construction du récit mais ses carences en second degré, une cure s'impose, ruinent ses tentatives introspectives. Ses personnages devraient se limiter à agir et avoir l'interdiction de s'asseoir et de réfléchir.
C'est dommage car les hommages glissés dans le roman à son défunt éditeur et pygmalion à travers le récit de souvenirs communs sont touchants et empreints d'une vraie sincérité mais cette plume d'éternel adolescent et cette incapacité à plonger sous la surface des choses frustrent le lecteur que je suis.
Je reste donc sur ma faim alors que le roman est plutôt calorique.

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