Rien - sauf l'obsession subconsciente - ne peut empêcher l'être pensant de s'affranchir de toute contrainte angoissante, à condition de mettre ses propres intentions motivantes en accord d'harmonie avec la mystérieuse intentionnalité organisatrice de la nature.
Devenu à ses propres yeux un fantôme, il ne sait plus se valoriser comparativement avec les autres, tantôt en supérieur, tantôt en inférieur, si bien que se surajoute à l'angoisse devant les obstacles extérieurs l'angoisse, plus poignante encore, de l'opinion des autres. Hypersensibilisé d'une part, et, d'autre part, entouré d'un monde dont il ne cesse d'accuser l'injustice, le sujet se prend sentimentalement en pitié pour toutes ses déconvenues que, la plupart du temps, il provoque insidieusement. Tous ces égarements inavoués - cause-effet de l'angoisse croissante - ne cessent de renforcer sa tendance à fuir la réalité, jugée hostile et dangereuse.
Le problème du fonctionnement psychique sous ses formes saines et malsaines, sensées et insensées, vitalement satisfaisantes et insatisfaisantes, se condense en deux attitudes biologiquement fondées : attaque et fuite.
L'anxiété est en effet un cas spécial de l'angoissement intime. Elle est due aux souvenirs d'échecs passés, souvenirs inhibitifs ayant tendance à effrayer le sujet au point que tous les obstacles futurs sont d'emblée imaginés sous la forme de traumatismes insurmontables.
L'imagination morbidement angoissée est apparentée à la peur panique : au lieu de stimuler les réactions de défense, elle en vient à les inhiber et même à les paralyser. L'angoisse s'exalte à l'égard de ce qui aurait pu arriver, ou de ce qui pourrait arriver si le danger réapparaissait.
A travers toutes les modifications évolutives, la préadaptation - l’adaptabilité - demeure l'immuable condition de survie : elle lie tous les paliers de l'évolution, aussi différenciés soient-ils, en une unité analogiquement déployée. Elle est le finalisme immanent : l'inexplicable force animante, la force vitale.
La préadaptation n'est pas occulte ; elle est mystérieuse.
Les produits de l'imagination à force sublimante sont la Mythologie. Jung a, cependant, diminué la portée de sa découverte, en définissant les Archétypes, tantôt comme symboles mythiques, tantôt comme résidus d'expériences ancestrales. Les mythes sont loin de n'être que le produit d'une expérience sociale, si ancestrale soit-elle. Ils sont une réponse imagée, symboliquement déguisée, à une interrogation infiniment plus profonde et plus vaste, concernant l'existence de l'univers, la genèse de la vie, le destin évolutif du genre humain, le sens de la vie et de la mort des individus, le sens de la vie des collectivités et de leurs cultures.