« Ce que je veux maintenant, ce sont des faits », nous pouvons affirmer cependant que cette devise est un mot vide de sens plutôt qu’une opinion sérieuse. Le matérialisme n’est pas grossier au point de s’intéresser uniquement à des faits. Des faits, la nature nous en fournit en quantité illimitée. L’idéaliste aussi recherche de tels faits. Aucun homme de science ne réclame d’hypothèses. Ce que tous les bâtisseurs de la science veulent en commun, c’est avoir, plus que des faits, des explications ou des connaissances relatives à des faits.
Au contact du phénomène sensible, notre faculté de concevoir produit ce qui apparaît, l’essentiel, le véridique, le commun ou le général. Le concept ne le fait d’abord que de façon instinctive ; le concept scientifique est une répétition de cet acte, réalisée sciemment et volontairement.
Pas plus qu’il n’y a de pensée, de connaissance sans contenu, il n’existe de pensée sans objet, sans une autre chose qui soit pensée ou connue. La pensée est un travail et, comme tout autre travail, elle exige un donné objectif.
De la même erreur procède la conception qui impose à l’homme l’autorité de la raison, qui réclame de lui qu’il se soumette aux exigences de cette dernière. Cette conception fait de l’homme un attribut de la raison, alors qu’en réalité, c’est l’inverse : la raison n’est qu’un attribut de l’homme.
Toute chose, tout phénomène sensible, aussi subjectifs, aussi éphémères soient-ils, sont vrais, sont un quantum de vérité plus ou moins grand. En d’autres termes : la vérité n’existe pas seulement dans l’être universel, mais chaque être particulier a également son universalité ou sa vérité particulières.
La matière consiste dans le changement, la matière est ce qui se transforme et la seule chose qui subsiste est le changement