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Critique de gruz


Retrouver François-Xavier Dillard dans une telle équipée, qui l'eut cru ? le voici acoquiné pour l'occasion avec Anne-Laure Béatrix pour nous conter une sombre histoire sur fond de crue centennale de la Seine. Une histoire écrite à quatre mains, pour le cauchemar de tous les franciliens.

Une chance sur cent que cette crue arrive, manque de bol c'est le cas dans cet étonnant Austerlitz 10.5. Là, tout de suite, vous vous dites que vous savez à l'avance où vous allez mettre les pieds (dans l'eau), et que cette histoire va raconter cette lente montée des eaux.

Plouf, perdu. Oui, Paris a perdu les eaux et tout le roman baigne dans une ambiance apocalyptique. Mais, les deux auteurs ont voulu une approche bien plus originale et ne se sont pas embourbés dans un récit dont la voie semblait toute tracée.

Car, il s'agit bien d'une enquête policière et d'un thriller qui repose sur la vase laissée par cette catastrophe annoncée. Quelques pages pour décrire l'horreur, pour ensuite raconter une histoire dont la tension s'élève à mesure que le flux liquide s'abaisse. Loin d'avoir servie d'ablution, cette crue est l'élément déclencheur d'une féroce lutte de pouvoir.

Il fallait bien être deux pour proposer un tel périple (lacustre), à la fois dans Paris et à travers les tableaux des grands maîtres (connus ou moins connus).

Anne-Laure Béatrix, dont c'est la première fiction, est directrice de la communication du Louvre. Autant dire qu'elle sait de quoi il retourne quand il s'agit de nous promener dans les dédales du musée, avec comme point central la Joconde, bien sûr. Là encore, les deux écrivains auraient pu tomber dans la facilité, mais ils ont réussi à construire une intrigue vraiment nouvelle autour de ce tableau emblématique et de ce Paris dévasté qui tente de se reconstruire.

De quoi mettre l'eau à la bouche du lecteur à la recherche d'autre chose qu'un banal polar. Les thématiques développées dans ce roman sont brûlantes, sulfureuses. Entre dépravations et dominations, c'est un portrait au vitriol de nos hommes de pouvoir qui est dépeint. de quoi apporter de l'eau au moulin de ceux qui ressentent une défiance accrue envers ces « élites ».

Cette anticipation crédible lance quelques pavés dans la mare tout en n'oubliant jamais son objectif de divertissement. Avec des chapitres courts mais denses (loin de ne comporter que des dialogues, comme certains livres du genre), le récit développe une intrigue sombre et en profite pour y inclure quelques thématiques en sous-marin, comme le problème des réfugiés ou les velléités fasciste de certains. Avec une telle crue, chaque francilien devient un réfugié en puissance.

Dommage d'ailleurs que les deux auteurs n'aient pas davantage développé cet environnement où la misère découle de cette eau qui coule. Quelques passages supplémentaires pour accentuer encore cette ambiance visqueuse auraient été bienvenus, à mon sens. Seul léger bémol dans un avis qui se veut assez enthousiaste.

Parce que c'est vraiment une intéressante réussite à 10 doigts, immersive, intelligente et prenante. Une lecture qu'on termine un peu essoré, tant les personnages sont malmenés.

Bref, ce roman astucieux et plutôt explosif vous brûlera les entrailles comme une eau de vie tout en vous faisant visiter la capitale comme vous ne la connaissez pas (et j'espère de tout coeur que vous ne la connaîtrez jamais ainsi).

Lien : https://gruznamur.wordpress...
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