AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le peu de monde (suivi de) Je te salue jamais (58)

« Coûteuse idée, la vie.
On affrète un monde
Pour faire le tour d’une barque. »
Commenter  J’apprécie          452
Choses nouées



Excursion
extrait 3

À Nauplie encore un bateau blanc.
Pas tout à fait bateau et pas tout à fait blanc.
Mettons que tu existes.

Laissant les équivoques
nous sommes entrés dans les roseaux
les citronniers les cyprès.
Image fruitière – je t’arrose.
Mettons que tu existes.

Au loin dans la montée
halète un petit train noir.
Come une délivrance à bout de forces.
Mettons que tu existes.
Comme l’eau coulant dans des régions désertes,
comme une balle dans le cœur d’un oiseau empaillé.
Superflus.


/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
Commenter  J’apprécie          30
Choses nouées



Excursion
extrait 2

Dans le rétroviseur se regarde
un puits à sec.
La terre ici et là fraîchement creusée.
Le même soin
pour les morts et les graines.
La terre frémit.
Mettons que tu existes.

À Mycènes exclamations et tombeaux.
Pierre tourmentée par la célébrité.
Passions de bonne famille, dignes de mémoire.
Nos passions à nous
n’auront pas le moindre visiteur,
l’oubli les attend, affamé toujours.
Mettons que tu existes.



/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
Commenter  J’apprécie          00
Choses nouées


Excursion
extrait 1

La mer à Skaramangas est nouée,
compacte. Les pétroliers dégagent
une fumée noire d’immobilité.
Mettons que tu existes.

Le parcours se dilate suspendu au regard.
Un nuage sale tache les routes là-haut,
en bas l’âme pure est reportée encore.
Mettons que tu existes.

La bride du cheval restera nouée à l’arbre.
Dans ma cervelle, beaucoup de pareils nœuds,
beaucoup de pareils liens.
Mettons que tu existes.



/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
Commenter  J’apprécie          20
Terre des absences

En ce moment, tu dois regarder une mer.

L'envie de te localiser
dans la terre des absences qui tourne en moi
te trouve ainsi :
un flou amer et littoral.

(p. 75)
Commenter  J’apprécie          20
Photo 1948


Extrait 2

Le regard plongé
dans le péché originel :
il goûte au fruit défendu
de l'espoir.
On dirait qu'un jour dans ma vie
une foi est passée.

Mon ombre, simple jeu de soleil.
En uniforme d'hésitation.
Elle n'a pas encore eu le temps
d'être pour moi compagne ou délatrice.
On dirait qu'un jour dans ma vie
une suffisance est passée.

Toi, tu n'apparais pas.
Mais pour qu'il y ait dans le paysage un précipice,
pour que je sois au bord
tenant une fleur et souriant,
c'est que tu ne vas pas tarder.
On dirait qu'un jour dans ma vie
la vie est passée.
Commenter  J’apprécie          10
Photo 1948


Extrait 1

Je tiens une fleur, je crois.
Bizarre.
On dirait qu'un jour dans ma vie
un jardin est passé.

Dans l'autre main
je tiens une pierre.
L'air gracieux, arrogant.
Sans me douter qu'il y a là pour moi
l'annonce d'altérations,
et l'avant-goût de résistances.
On dirait qu'un jour dans ma vie
une ignorance est passée.

Je souris.
La courbe du sourire,
le creux de cette humeur,
semble un arc bien tendu,
fin prêt.
On dirait qu'un jour dans ma vie
une cible est passée.
Une aptitude à la victoire.
Commenter  J’apprécie          00
EQUANIL 100 MG


Le ciel prépare la pluie
et la maîtrise de soi aussi.

Il faut que je ferme les fenêtres
et chaque point d’écoulement de ma vigueur.
Je vais allumer la radio
pour noyer la voix de la pluie
par des publicités pour imperméables
et joints étanches.
Je m’occuperai de choses sèches,
telles que mon visage
aux mains d’un miroir.
J’humilierai la pluie
l’appellerai liquéfaction de vapeurs d’eau rien que ça.
La détesterai s’il le faut,
comme la détestent les toits crevés
et les heures d’attente trouées dans la rue
le soir.
Très peu pour moi, ce genre de laisser-aller.
Qu’ils se l’envoient, les arbres qui veulent boire,
les poètes qui absorbent l’irréfléchi.
Car si je m’autorise à la regarder
elle va s’enhardir, cette idée fixe
que la pluie
est un je viendrai sans faute,
sauf imprévu bien sûr,
que la pluie
est cet imprévu qui te tombe dessus.

Non, je ne vais pas à la fenêtre.
Je veux sauvegarder cette mort
que par des morts j’ai gagnée.
Je veux que les equanil en sortent blanchis.

p.66-67
Commenter  J’apprécie          70
CALCHAS


Je ne dors pas, je ne dors pas,
j'aide la nuit à s'agrandir,
à s'élargir,
à effacer les petites lumières, parasites.

Je ne dors pas, je ne dors pas,
j'exerce de noirs c'est exclu
je lance des c'est exclu exercés
qui déchirent quelques dernières étoiles.

Je ne dors pas, je ne dors pas,
je change de sexe, deviens minuit.
Où me mèneras-tu, abattement,
je te retrouverai quelque part
puisque j'ai prêté serment d'insomnie.
Mes doses de somnifères
dorment comme des anges
et mon cerveau qui veille
les berce tout doucement.

Je ne dors pas, je ne dors pas,
j'aide la nuit à s'agrandir,
j'écris des slogans aux murs des rêves :
à bas les levers du jour des élevages de poules,
à bas les magouilles des espérances
« et on vous construira des maisons
et on vous fera des routes
et on vous apportera la pluie
et du vent, et du vent ».

Je ne dors pas, je ne dors pas
j'attends un dernier vieux fond d'obscurité
pour entrer chez le devin Calchas.
Je vais le tuer.
Il m'a plongée dans tout un sacrifice
pour que tu respires.
Mais toi, insomnie, tu te niches
sur chaque prophétie
en prenant bien ton temps.

p.79
Commenter  J’apprécie          30
Je crie à la cendre
de me désarmer.
J'appelle la cendre
par son nom de code : Tout.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (47) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1233 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}