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Critique de agatheyourbook


Trois femmes, trois destins dans la Bulgarie pendant la Seconde Guerre mondiale et plus précisément au moment du coup d'Etat de 1944, qui installe le parti communiste au pouvoir, avec le soutien de la Russie et chasse le gouvernement pro-nazie. S'en suivent alors la persécution des intellectuels, des religieux et des opposants au régime.

Ce sont les femme de trois de ces hommes, torturés, exécutés et jetés en fosse commune, que l'on découvre à travers cette lecture.

Nous entendons le long monologue que Raïna adresse à son époux Nikola, intellectuel et écrivain, le soir de son exécution. C'est une longue plainte, faite de peur et d'amertume.
Raïna a peur pour ses enfants, peur de ne pas pouvoir faire face, et on ressent également toute la colère qu'elle éprouve envers elle-même car elle savait qu'il fallait s'enfuir, quitter leur patrie pour sauver leur vie. Mais elle s'en est remise à son époux, homme intègre et honorable qui pensait ne rien craindre car n'avait rien à se reprocher...

Puis c'est Ekaterina que l'on lit dans une lettre adressée à ses fils. Elle l'écrit en prévision de son décès prochain. Déportée avec ses trois fils suite à l'exécution de son mari prêtre, elle éprouve une grande tristesse à l'idée que ses jeunes enfants n'aient que peu connu leur père. Sentant la mort approcher, elle décide de leur laisser un écrit afin que le souvenir de leur père, de leur parent soit toujours présent.

Ensuite nous découvrons Viktoria et sa fille Magdalena dans un récit retraçant leur vie avant et après l'arrestation de Boris. La déportation, le travail dans une briqueterie, l'alcoolisme, la folie...

Enfin, La dernière partie nous parle d' Alexandra, 20 ans après les faits. Il s'agit de la petite fille de Raïna et l'on découvre alors comment ce drame vécu plusieurs années auparavant a meurtri la famille pour des générations, la honte, le silence et le deuil les habitant pour toujours.

Cette vie de tristesse et de souffrance se mêle à leur vie passée, douce et heureuse, faite de plaisirs et d'insouciance dans cette jolie ville de Boliarovo. le contraste n'en est que plus saisissant. On ressent le traumatisme enduré par ces femmes en particulier et le peuple bulgare en général. On comprend cette tristesse sans fond qui les suivra toute leur vie, gangrénant les générations futures.
L'écriture est dense et les dialogues sont insérés dans la narration sans signe particulier de ponctuation, créant un sentiment d'oppression, d'asphyxie au fur et à mesure de la lecture.
C'est une lecture poignante et révoltante, dans laquelle j'ai beaucoup appris sur une période trouble de l'histoire, dans un pays dont on parle peu, la Bulgarie.
Le récit de Theodora Dimova met en lumière le silence qui a existé autour de ces drames individuels et l'oppression de tout un peuple par des puissants aux idées totalitaires. Une lecture que l'on ne peut oublier et que je relirai sûrement...
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