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Critique de nilebeh


Voilà un curieux roman qui met en scène une narratrice prénommée Betty et les habitants de l'immeuble en face du sien, gens qu'elle observe et finit, parfois, par rencontrer.

Ainsi en sera-t-il de la revêche vieille dame qu'elle surnomme Félicité avec humour, car cette voisine découragerait toutes tentatives d'approche. mais pas Betty, qui lui offre du kouglof (nous sommes en Alsace) et se fait rabrouer. Quand l'âge aidant, Félicité est littéralement « placée » par ses neveux et nièces en maison de retraite, Betty va fidèlement la voir tous les jours. Là, elle élargit son cercle de connaissances et écoute les vieillards raconter « leur » guerre », dans l'intention d'en faire un livre.

Avec l'aide de la boulangère, elle apprend mille petites choses sur les gens d'en face. On pourrait s'indigner de l'indiscrétion de la brave commerçante. Mais apparaissent ainsi des sortes de « types », comme on dit en cartophilie : la prof de lettres intello-bio-écolo qui ne trouve pas l'amour, refuse d'avoir des enfants, mange végétarien et achète ses draps aux « Artisans du Monde », l'avocat qui travaille presque toute la nuit et délaisse sa femme jusqu'à la faire fuir, le couple attendrissant de petits vieillards qui ne se lâchent pas la main et attendent la mort « comme des siamois », etc.

Devenue sorte de petit Diable boiteux façon Lesage, Betty observe, s'informe, prend des notes et raconte à sa vieille amie. Jusqu'au moment où une nouvelle tragique va grandement déstabiliser cette dernière.

Ainsi raconté, il semblerait qu'il y ait un récit, des personnages, des événements. En fait, très peu. L'essentiel du roman consiste en des constatations désabusées sur les êtres humains et la vie, en aphorismes multiples, parfois bien trouvés parfois très clichés, avec ce leitmotiv à la fin agaçant : inassouvi ceci ou cela. Comme si pour l'auteure la vie était avant tout un grand manque.

Puis elle adopte ce parti pris stylistique de topicalisation des adjectifs rejetés en tête de phrases : agaçantes sont ces manies de considérer que le style doit être avant tout une forme répétitive !

Le livre change de direction quasiment à la fin, lorsqu'on en apprend un peu plus sur le passé de Betty, ses origines, ses blessures. Et arrive une déferlante d'idées déjà bien acquises (mais pas fausses) sur l'Afrique, victime du post-colonialisme et de ses propres incapacités à s'en sortir.

In fine, un roman qui était resté un peu oublié depuis 2008 au fond de ma bibliothèque, ressorti à l'occasion d'un inventaire hivernal mais qui ne m'a guère passionnée...Seul le cas de la vieille dame dont on dispose à la fois de la personne et des biens m'a réellement touchée. Question de génération, peut-être...
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