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Critique de Juliedlbrt


Madické vit sur l'île Sénégalaise de Niodior et rêve de rejoindre sa soeur Salie en France, persuadé de pouvoir le faire grâce à ses talents de footballeur, comme bon nombre de ses amis d'ailleurs. Pour lui, partir est la seule solution pour qu'il puisse s'offrir une vie meilleure, une vie facile, et surtout, pour qu'il puisse gagner beaucoup d'argent et ainsi subvenir au besoin de sa famille. Il pense pouvoir vivre, là-bas, comme « l'homme de Barbès » qui leur raconte la vie qu'il a mené à Paris, ou plutôt, celle qu'il aurait aimé avoir, oubliant de les mettre face à la réalité. Pour Salie aussi il est compliqué d'expliquer à son jeune frère ce que qu'est réellement l'émigration dans la position inconfortable qu'elle occupe. Celle qu'occupe une grande part de ceux qui ont fait le choix de quitter leur pays vis à vis de ceux qui sont restés. le seul ayant le courage le faire est leur instituteur, Ndétare, qui leur rappelle souvent l'histoire du jeune Moussa, passé si près du rêve mais revenu bredouille.
J'ai trouvé les thématiques centrales de ce roman très intéressantes. Fatou Diome, à travers l'histoire de Madické et de Salie, évoque les illusions et les désillusions de l'émigration en France, les fantasmes que certains ont à propos de ce pays, mais aussi ce qu'une telle décision implique. Il est en effet également question, dans cette histoire, de déracinement, de ce que peuvent ressentir les personnes qui ont quitté leurs proches et leur pays, des difficultés qu'ils peuvent avoir à maintenir les liens, mais aussi du fait qu'ils peuvent alors se retrouvé partagé entre deux nations, ne faisant plus vraiment partie de l'une et n'appartenant pas vraiment à l'autre.
J'ai également trouvé intéressant le fait que deux points de vue s'y font face : celui des personnes qui se sont expatriées en France et qui n'ont finalement pas la vie qu'elles espéraient avoir, et celui des jeunes Sénégalais qui rêvent d'émigrer et idéalisent la France, se l'imaginant comme une terre promise.
Le seul petit bémol de ce récit pour moi est qu'il est peut-être un poil trop pessimiste, oubliant ceux pour qui l'expatriation est une réussite.

Le ventre de l'Atlantique est un très beau premier roman, sans concession, qui m'a donné l'impression d'être écrit avec une grande sincérité et beaucoup de passion. J'ai aimé le style de Fatou Diome, incisif et non dénué d'humour.
Lien : https://desflaneriesetdesmot..
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