AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


»Autrefois à Colomb-Béchar,
J'avais plein de serviteurs noirs,
Et quatre filles dans mon lit,
Au temps béni des colonies. »
Coloniser est une affaire de bonhomme. Pour le repos du guerrier, il y a la femme indigène, accueillante ou à mater, c'est selon. Elle a nourri de nombreux fantasmes à travers les romans, les tableaux, les chansons, le cinéma et surtout les cartes postales coloniales. On la voit souvent dénudée, offerte, riche de promesses d'amours exotiques et de sexualité échevelée.
Mais en dehors de la Tonkiki, la Tonkiki, la Tonkinoise, ou bien de la fille du bédouin, celle qui connut tour à tour tous les autres bédouins de la caravane, on ne sait finalement pas grand chose des femmes colonisées. L'histoire les a cataloguées comme simples objets de plaisir quand elle ne les a pas passées sous silence.
Il existe un fonds photographique aux Archives nationales d'outre-mer riche d'environ 140.000 photographies dont la plupart ont été prises par des fonctionnaires en poste dans l'administration coloniale. Isabelle Dion a sélectionné de magnifiques clichés de femmes, réalisés entre 1892 et 1962 en Afrique, Algérie, Indochine, Madagascar et Océanie. L'ouvrage "Ces femmes ne savent pas leur beauté" a pour but, je cite Isabelle Dion, « de susciter une émotion et de regarder ces photographies pour leur beauté intemporelle ». Grace à ce bel ouvrage, la construction idéologique liée à la carte postale coloniale qui éludait la femme, vole en éclat. Les femmes retrouvent enfin toute leur complexité et leur altérité.
Je remercie les éditions Loubatières pour ce beau voyage et ces instants volés il y a plus d'un siècle.
Commenter  J’apprécie          444



Ont apprécié cette critique (42)voir plus




{* *}