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Critique de CendreBleue


Rappelez-vous le mot fameux de Baudelaire : « J'ai toujours été étonné qu'on laissât les femmes entrer dans les églises. Quelle conversation peuvent-elles tenir avec Dieu? ». Eh bien ce livre propose une réponse qui, malheureusement, n'affaiblit pas la pertinente acuité du poète : il semblerait qu'elles n'en tiennent aucune.
Je plaisante à moitié. Observons d'abord, d'un point de vue formel, que ce livre aurait gagné à se défaire de son envoi. Les trois dernières pages, qui tranchent avec le corpus de l'ouvrage, ont le malheur d'enfoncer des portes ouvertes (« l'athéisme est une croyance ») et de mettre à nu la faille fondamentale du livre, son intention : concilier la nostalgie de la messe dominicale (nostalgie de l'enfance ?) avec l'endoctrinement progressiste, révélant une pensée fondamentalement coupée de toute préoccupation théologique. Exemples : « Elle est pour l'ordination des hommes mariés et pour le droit à l'avortement. Elle ne croit pas en l'Immaculée Conception. (…) Elle s'est mariée à l'église et divorcée au tribunal. (…) La religion l'aide dans les chagrins d'amour, moins devant les injustices sociales. (…) Elle n'a jamais compris l'importance de la sainte Trinité. ».
La narratrice affichant sans vergogne « ne pas croire en Dieu mais en l'Homme », on comprend pourquoi ce « Journal d'un recommencement », annoncé comme un retour à l'église, aurait pu être celui d'un retour au Parc Astérix, au Bataclan ou aux clubs échangistes du Cap d'Agde. La narratrice a surtout besoin de chaleur humaine.
C'est dommage, parce que jusque-là, le livre tenait la route. Un peu malgré lui. On pouvait y lire un récit sociologique, du reste sympathique parce que sincère, bien que trop hanté par le spectre de Bourdieu. Un document somme toute formidable pour les historiens du siècle prochain – si notre humanité survit jusque là – témoignant de la désagrégation finale du christianisme en France, dans la ville (Lyon) comme dans la ruralité. Désagrégation, de fait, très bien chroniquée dans le livre, et magnifiquement symbolisée par le livre lui-même. le vrai regret est donc le titre : si j'étais l'éditrice, j'aurais proposé : « Chronique d'une mort annoncée ». Mais on me dit que c'est déjà pris.
©Cendre-Bleue
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