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Critique de JulienDjeuks


Les choses n'ont semble-t-il pas évolué. L'indépendance n'aurait rien changé à la situation de la femme ? Les femmes restent retenues par les traditions et le qu'en dira-t-on, coincées entre le père, le frère et les maris ou bien contraintes à vivre en marginales. La femme demeure retranchée dans son foyer, s'occupant, de la famille, du repas et des tâches ménagères, parlant beaucoup, se tenant au courant des affaires du voisinage, dissimulant les secrets familiaux, les blessures, les espoirs effacés. Ainsi, comme on peut le deviner dans les toiles de Eugène Delacroix, le foyer continue de renfermer, de concentrer et condenser la vie et les émotions des femmes algériennes.
On peut y voir un cercle dans lequel les algériens restent enfermés. Trop attentifs à la vie des autres – qui leur permet de meubler la leur – et à l'honneur, les foyers portent un regard dur sur les déviances, les femmes répudiées, les marginaux, alors que c'est justement ces sujets qui – d'une part réalisent les ambitions d'émancipation individuelle – et de deux remplissent les conversations, cette parole qui a tant besoin de s'exprimer, de se faire sujet à part entière – après des années, des siècles de colonisation et de confiscation de la parole – encore plus pour les femmes.
L'écriture d'Assia Djebar est difficile d'accès. D'une part elle semble s'inspirer de celle de Kateb Yacine (cf. Nedjma) : expression des douleurs du corps plus que communication ; composite avec parties poétiques, enchâssement de paroles de temps différents… Mais le thème – la vie de la femme algérienne –, plutôt réaliste comme le suggère la référence au tableau de Delacroix, se prête moins à un tel exercice de composition poétique (chez Kateb, tous les éléments partaient pour mieux revenir de l'identité algérienne brisée, et étaient illustrées à merveille par l'allégorie de l'étoile). Assia Djebar use en revanche d'une technique littéraire très agréable pour fondre-enchaîner les discours intérieurs et les dialogues : souvent, la première réplique d'un dialogue semble répondre au contenu ou au mot de la phrase de récit la précédant. Ce sont donc au final les parties et nouvelles les plus traditionnellement écrites qui ressortent du recueil.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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