Il ne pouvait pas s’empêcher de la regarder. Et, pendant qu'elle s'adressait à nous tous de sa voix calme d'alto, on percevait clairement aux coups d’œil qu'elle lançait... ou à certaines hésitations qu'elle avait avec lui... voyons, comment allons-nous appeler ce sentiment si banal?... Cette attention involontaire et spontanée que l'on accorde à quelqu'un et qui implique une notion d’avenir? Car, en réfléchissant bien, nous vivons surtout d'habitudes... dans l'attente... soutenus par des plaisirs temporaires... des curiosités... ou encore des forces non génératrices d'espoir... y compris la méchanceté... mais pas avec l'idée majeure d'un avenir qui n'apparaît que dans l'attention bourdonnante que tout le monde remarque, sauf les deux... idiots... qui se dévorent des yeux.
D'ailleurs, je sais par expérience que tous les peintres sont des butors. Ce qui constitue un paradoxe... un dieu mystérieux leur permet de peindre ce qu'ils ne comprendront jamais. Comme tous ces Florentins, ces Génois et ces Vénitiens... qui étaient des vauriens et des sybarites, mais à qui ce même dieu conférait le pouvoir de nous communiquer l'image des anges, des saints et même de Jésus Christ par le biais de leurs mains stupides.