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Critique de StCyr


N'attendez pas du scripteur le tour de force de faire un résumé synoptique d'une oeuvre comprenant trois volumes, pour un total de près de 1500 pages, imprimée dans une police de caractère aberrante de petitesse, dans laquelle évolue la bagatelle de 150 personnages. Non. Aussi bien, le bénévole lecteur a laissé dans cette lecture de longue haleine une part non négligeable de son influx nerveux. Brossons donc à grands traits - au rouleau de peinture, la trame du récit. Sous-titré D'après la chronique du Chef de division Geyrenhoff, les Démons dresse, par le biais de moult courants narratifs, les épisodes dont le chroniqueur a été directement témoin ou dont il est le compilateur de seconde main, impliquant une foultitude de personnages représentant toutes les couches sociales de la capitale viennoise et qui convergent, en se résolvant, vers un événement historiquement tragique (bien que totalement inconnu du lecteur français) : le 15 juillet 1927 à Vienne, une manifestation d'ouvriers sociaux-démocrates, suite à l'acquittement de trois membres d'une milice de droite impliqués dans la mort d'un homme et d'un enfant, tourne à l'émeute : le palais de justice est incendié, d'autres exactions suivent de la part de la foule et la police fait feu, faisant quatre-vingt-dix morts. L'intérêt principal, si intérêt il y a, est dans la structure du récit, non chronologique : le narrateur n'étant présent que pour une partie des épisodes - à première vue pas vraiment significatifs, ces derniers ne s'éclairant que rétrospectivement par les clarifications que représentent les rapports de connaissances de ce dernier sur des événements dont il n'a pas été témoin. Ainsi on pourrai dire que les Démons, en reprenant la formule de Nathalie Sarraute, illustre à merveille la notion de L'ère du soupçon. On en est réduit à se méfier de l'imagination de l'auteur, qui à travers son alter égo chroniqueur, fait singulièrement montre d'un esprit de l'escalier. Ceci posé, la relative bénignité - si on en exclu la déflagration finale, des évènements relatés, la pesanteur certaine, confinant à l'indigeste de la prose, les relents de naphtaline qui se dégage d'un milieu depuis longtemps trépassé et les dimensions terrifiantes de l'oeuvre auront raison de la quasi totalité des innocents ou des inconscients qui s'aventureraient dans la lecture des Démons.

Baste !
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