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Critique de Bouteyalamer


Les « Merveilles d'au-delà de Thulé » d'Antoine Diogène inspirent cette mosaïque quelque peu nébuleuse qui fourmille de personnages, d'époques et de lieux : dans l'ordre chronologique — que l'auteur ne suit pas —, la Thessalie antique, le siège de Constantinople vu du côté byzantin et ottoman, la frontière chinoise pendant la guerre de Corée, une ville de l'Idaho contemporain visitée à plusieurs années de distance, et un vaisseau spatial fuyant la terre pour un interminable voyage. L'auteur joue savamment des contrastes : jeunes personnages et fin des mondes, culte des livres et destruction des bibliothèques, ravissement de la nature et désastres écologiques, progrès techniques et guerres, amour filial et parents désespérés. L'imaginaire est superbe, la précision documentaire impeccable, le luxe descriptif séduisant, mais la longueur et la virtuosité agacent. La pulvérisation de l'action sous les murs de Constantinople, dans le vaisseau confiné ou la bibliothèque attaquée finit par désamorcer l'émotion.

Bref un livre virtuose et peu attachant, sous-titré "chef-d'oeuvre" par Albin Michel, orné en quatrième de couverture du regard hypnotique et du sourire indéfinissable de l'auteur. On imagine Doerr composant son roman puis le recomposant après l'avoir démembré, s'aidant de notes, de calendriers ou de cartes puis supprimant tout index pour laisser le lecteur avec trois ou quatre niveaux de chapitres, coupés des extraits d'un roman archaïque. On sait depuis l'Arioste que la complexité ne garantit pas le génie d'un roman à système. N'est pas qui veut Perec, Boulgakov ou Cabré.
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