Citations sur Saga de Siegfried, tome 6 : Le trésor de Siegfried (7)
Gudrun frappa à la porte en s'éraflant les jointures des doigts sur la surface brute, constellée d'échardes et de poils hérissés. N'étant pas fermée, elle s'ouvrit légèrement. [...]
Lorsque ses yeux s'habituèrent à l'obscurité, elle s'aperçut que la petite pièce n'était qu'une antichambre. L'habitation ( si tant est que l'on pût parler d'une habitation) se prolongeait jusqu'au coeur de la montagne ; un escalier abrupte taillée dans la roche donnait accès aux pièces cachées, situées à un niveau inférieur. Aucune lumière ne filtrait dans le couloir aussi Gudrun s'en approcha et cria vers les ténèbres :
"Je cherche une femme sage ! On m'a dit que je la trouverai ici !"
La marque d'hospitalité du chef du clan n'était ni un caprice, ni le fruit du hasard : la jeune femme à l'épaisse chevelure châtain et aux admirables vertus était la veuve du héros Siegfried, fils d'adoptif d'Alfr et personnage estimé dans la ville qui l'avait vu naître.
Dès l'instant où Gudrun se trouva en présence d'Attila, elle éprouva une sensation doublement déplaisante : cet homme l'intimidait autant qu'il la répugnait.[...]
Attila était à l'image de ces sommets et de leurs pentes rocheuses : grand et très massif, il marchait d'un pas lourd, comme s'il voulait que la terre retentisse sous ses pieds aux quatre coins du monde pour célébrer sa gloire.
De la pointe de la flèche émanait une odeur de racines et de minéraux qui la replongea dans son enfance, lorsque sa mère tentait, en vain, de lui enseigner les arcanes de ces arts magiques dont Gudrun ne voulait rien savoir. La flèche avait été badigeonnée d'une préparation, sans doute un poison aux effets délétères.
Tous les matins, la matriarche rendait scrupuleusement visite à fille, la saluant avec des paroles affables, s'enquérant d'elle et, surtout, de sa petite-fille dont elle avait interdiction de s'occuper. Une fois ces brèves salutations terminées, elle se retirait en silence, l'air pensif, sans mentionner la question de mariage... Mais sachant combien elle était déloyale, Gudrun la craignait et était persuadée que sa mère ourdissait un complot contre elle et ses protecteurs.
Gudrun apprit d'Alfr et de Thora qu'aucun Dane n'était plus digne de confiance qu'Egill.
La raison de ces entrevus était que Gudrun désirait se former au maniement des armes. Lorsqu'elle fit appelle à lui, le discret guerrier se garda de lui demander ce qui l'y poussait ou de lui faire part de sa surprise ; il était en effet peu commun qu'une femme ayant déjà enfanté souhaita se former au combat. [note de Pégase Shiatsu : c'est aussi comme cela que le présente Tolkien avec sa princesse du Rohan éprise d'Aragorn, mais qui sait manier les armes parce que jeune fille, et qui trouvera l'amour ailleurs après les combats...]
Svanhild [fille de Siegfried]appelait Thora "grand-mère" , ce qui traduisait combien la jeune fille était traitée avec tous les égards. Elle était placée sous la surveillance des servantes, qui la divertissaient avec des contes et des chansons, ou bien lui enseignaient les rudiments de la cuisine et des travaux d'aiguille. De leur côté, Thora et Gudrun retrouvaient un groupe de femmes issues des familles de nobles du clan, auprès de qui elles consacraient quelques heures de filage et à la confection de vêtements.